Cannes: Première projection, déjà la guerre des badges

La première projection de "La tête haute", d'Emmanuelle Bercot, mercredi matin à 10h. - Magali Rangin - BFMTV
La Tête haute, le film d’ouverture, hors compétition, sera projeté mercredi soir, après la montée des marches des stars, Catherine Deneuve, Benoît Magimel, et le tout jeune Rod Paradot, héros du film sous le crépitement des flash. Mais le film d’Emmanuelle Bercot est d'abord projeté le mercredi matin, à 10h, dans une salle plus petite, la salle Debussy, pour la presse. Et sans Catherine Deneuve. Un film social, à des lieues de Grace de Monaco, d'Olivier Dahan, qui avait ouvert le festival en 2014, ou de Gatsby, de Baz Luhrmann, l'année précédente.
Dès 9h, une foule compacte s’est amassée devant le Palais des festivals. Ce sont les journalistes qui font la queue. Ils ne sont pas sûrs de pouvoir tous entrer. Pourtant, la salle Debussy où est diffusé le film compte 1.068 places. Mais il faut respecter la dure loi des badges.
Bleu, blanc, rose
Plusieurs files d’attente matérialisent la hiérarchie. Les bleus d’un côté, les oranges et les jaunes de l’autre. Les roses et les blancs, la crème de la crème, ne font pas la queue. De leur nombre et de leur heure d’arrivée dépend l’entrée de tous les autres.
Car à Cannes, les films commencent toujours à l’heure pile. Vers 9h50, les badges bleus entrent au compte goutte. "On va être au balcon", remarque un habitué, qui a intercepté le geste d’un organisateur, faisant un 2, avec ses doigts, pour signaler que la corbeille est pleine et que les spectateurs doivent désormais être orientés vers le balcon. Dans la salle, on s’interpelle en anglais, en italien, en allemand, on change de place. Le film est sous-titré en anglais. Les films étrangers n'ont longtemps été sous-titrés qu'en français. Pas facile pour les très nombreux journalistes internationaux. Désormais un double-sous-titre s'affiche, en français et en anglais.
Très vite, tout le monde s'installe. A dix heures tapantes, la lumière s'éteint. Il reste une bonne centaine de places libres des deux côtés de la salle. Et sans doute beaucoup de badges jaunes devant le Palais des festivals.
"Bellissimo"
Pendant la séance, pas de commentaires. Pas de sorties intempestives non plus. Vers la fin, alors que le destin du personnage principal, un jeune délinquant, semble toujours sombre, quelques-uns jettent des coups d'oeil discrets à leur montre. Arrive le générique, quelques timides applaudissements démarrent dans la corbeille, vite éteints. "Bellissimo", murmure un voisin. Les spectateurs sortent, un peu sonnés, sans échanger un mot. Et ne commencent à échanger leurs impressions que quelques mètres plus loin. D'autres projections les attendent. Et peut-être, s'ils ont le bon badge, la conférence de presse en présence de l'équipe du film.