Cannes 2025: Tom Cruise, Mylène Farmer, Jafar Panahi, Julia Ducournau... Ils ont marqué le festival

Dans quelques heures, le tapis rouge sera replié, les stars auront repris l'avion et la Croisette retrouvera une certaine tranquillité. Mais avant cela, le jury du 78e festival de Cannes, présidé par l'actrice Juliette Binoche annoncera quel film décroche la Palme d'or tant convoitée, un an après Anora. En attendant de découvrir le palmarès complet, retour sur les temps forts qui ont marqué cette édition 2025.
• Tom Cruise sur la Croisette
Après avoir conduit son héros aux quatre coins de la planète, c'est à Cannes que Tom Cruise a présenté le huitième volet de la saga Mission: Impossible.
Dans The Final Reckoning, en salles depuis ce mercredi 21 mai, Ethan Hunt poursuit sa lutte contre une impitoyable intelligence artificielle, l'Entité, qui cherche à anéantir l'humanité en prenant le contrôle des principaux arsenaux nucléaires.
Après Dead Reckoning, et son mémorable saut à moto depuis une falaise, The Final Reckoning a impressionné ses fans avec deux scènes: une plongée dans une épave de sous-marin gisant au fond des abysses et un combat aérien à bord de bimoteurs.
• La chanson inédite de Mylène Farmer
Un moment d'émotion rare. Lors de la cérémonie d'ouverture, Mylène Farmer a interprété un morceau inédit en hommage à David Lynch, mort le 16 janvier dernier à 78 ans, avec qui elle était amie. "Partout, partout, je te sens près de moi", chante-t-elle dans cette ballade épurée aux allures de berceuse, dont le titre est Confession.
• Les hommages aux légendes du 7e art
Robert de Niro a reçu, le mardi 13 mai, une Palme d'or d'honneur pour l'ensemble d'une carrière qui a changé le visage d'Hollywood, notamment aux côtés de Martin Scorsese, de Taxi Driver (1976) à Killers of the Flower Moon (2023), Lors d'une leçon publique animée par JR, l'acteur a révélé préparer un documentaire avec l'artiste.
Le secret avait été bien gardé: lundi 19 mai, juste avant la projection hors compétition de Highest 2 Lowest de Spike Lee, son acteur fétiche Denzel Washington s'est vu remettre de son côté une distinction pour l'ensemble de sa carrière par le réalisateur américain et les dirigeants du festival, Iris Knobloch et Thierry Frémaux.

Un autre temps fort a été, mardi 20 mai, la rencontre avec Alain Chabat à la Quinzaine des réalisateurs. Invité pour discuter de ses inspirations comiques, l'acteur et réalisateur a commenté des extraits de Top secret! (1984), du Shérif est en prison (1974) ou encore de Tonnerre sous les tropiques (2008).
"Très souvent, les idées de comédie naissent d’un énervement", a-t-il déclaré sur scène, cité par Le Monde. "Tu vois un truc, ça t’agace, tu veux en parler. Mais si tu le dis frontalement, tu as juste l’air d’un type qui râle dans le vide. C’est nul, personne n’écoute. Alors qu’en le racontant avec humour, d’un coup, ça devient audible, partageable."
• La Palme pour Jafar Panahi?
De retour à Cannes après 15 ans d'assignation en Iran, le cinéaste dissident Jafar Panahi a fait sensation avec son nouveau film, Un simple accident, un sérieux prétendant à la Palme d'or encensé par la critique internationale. Le film "nous a éblouis", s'enthousiasme ainsi Le Parisien, qui titre: "On a trouvé notre Palme d'or!"
Tourné clandestinement comme ses précédents, et en salles le 10 septembre prochain, Un simple accident raconte l'histoire de Vahid, qui croit reconnaître un soir son ancien geôlier, un tortionnaire surnommé "La guibole" ou "L'éclopé" qui lui a fait subir les pires sévices.
Vahid le kidnappe et l'emmène dans sa fourgonnette avec la ferme intention de lui faire subir une fin atroce. Mais Eghbal nie et Vahid est pris par le doute: a-t-il vraiment retrouvé l'homme qui a détruit sa vie ou est-il en train de violenter un innocent en passe d'être père pour la deuxième fois?
Pour y voir clair, Vahid embarque dans son van d'autres victimes de "La guibole", dont une femme en robe de mariée, qui vont déambuler dans la ville, étalant les fractures creusées par les persécutions et la tentation de la vengeance privée.
• "Alpha" divise
Quatre ans après la Palme d'or de Titane, Julia Ducournau a fait son retour avec le très attendu Alpha, l'histoire d'une famille confrontée à une épidémie mystérieuse. Moins violent que Titane, Alpha reste un film de genre et pioche dans les ingrédients préférés de la réalisatrice de Grave: des corps qui mutent, du sang, du fantastique.
Alpha, une ado de 13 ans, vit dans un monde où une maladie incurable, qui se transmet par le sang, change en statues de pierre ceux qui sont contaminés. Un jour, elle rentre chez elle avec une marque au bras, tatouée avec une aiguille non stérilisée. Alors que débarque aussi un oncle toxicomane, la panique s'installe dans sa famille: Alpha est-elle contaminée?
Jamais nommée, la maladie et la psychose qui l'entourent rappellent les débuts de l'épidémie de sida dans les années 1980. Julia Ducournau dit avoir puisé dans ses souvenirs d'enfance pour le film. Malgré la mort et la maladie, Alpha est aussi le plus lumineux de ses films, montrant l'amour d'une famille face à un mal mystérieux.
Le film, cependant, n'a pas séduit la critique. Si Le Monde et Le Parisien ont salué l'audace du film, Télérama déplore une "outrance mélodramatique", des "excès gore" qui "servent hélas un scénario facile, dégoulinant de pathos". "Méga-ratage" pour Les Echos, Alpha est "pudding amphigourique" pour Le Figaro, voire même "un récit poseur et soporifique", assure Le Point.
• Une édition très politique
De Gaza aux Etats-Unis de Donald Trump en passant par l'Ukraine et le mouvement #MeToo, le 78e Festival de Cannes a été marqué par des prises de position fortes.
Il y a notamment eu un hommage à la photographe palestinienne Fatima Hassouna, tuée par un missile israélien à Gaza le 16 avril. Cette Gazaouie de 25 ans est la protagoniste d'un documentaire réalisé par l'Iranienne Sepideh Farsi, Put your soul on your hand and walk, sélectionné à l'Acid, une section parallèle au Festiva.
"Elle m'a beaucoup donné, elle nous a beaucoup donné. Elle disait 'ma caméra est une arme', elle disait 'je voudrais une mort bruyante, éclatante, je ne veux pas être un chiffre à la dernière page d'un journal'", a témoigné la réalisatrice devant une salle très émue.
• Les stars passent derrière la caméra
Plusieurs stars hollywoodiennes comme Kristen Stewart et Scarlett Johansson, ou encore Harris Dickinson, sont passées à la réalisation et ont fait des premiers pas très prometteurs derrière la caméra.
Eleanor the Great, premier film réalisé par Scarlett Johansson, raconte l'histoire d'Eleanor Morgenstein (June Squibb) qui, à 94 ans, retourne vivre à New York pour prendre un nouveau départ après des décennies passées en Floride. "J'ai vu son film et j'ai adoré", a confié à l'AFP le réalisateur Wes Anderson, qui l'a fait tourner dans trois de ses films dont The Phoenician Scheme.

The Chronology of Water, que Kirsten Stewart s'est battue pendant 8 ans pour faire exister, est tiré des mémoires de la nageuse américaine Lidia Yuknavitch, dans lesquels elle raconte sa survie aux abus endurés durant son enfance. Un film sur "l'expérience très violente" d'être une femme, selon la star de la saga Twilight.
Harris Dickinson, révélé comme acteur à Cannes dans Sans filtre (Palme d'or 2022), et vu plus récemment dans Babygirl, est revenu sur la Croisette pour présenter Urchin, un premier film comme réalisateur salué par la critique. Le film suit la tentative de réinsertion d'un jeune SDF, Mike, incarné par Frank Dillane (vu en jeune Voldemort dans Harry Potter et dans la série Fear the Walking Dead).