"Tu es patriarcal à ton insu": "Le Mélange des genres", la comédie qui veut déconstruire le mouvement #MeToo

Benjamin Lavernhe dans le film "Le Mélange des genres" - Le Pacte
C'est la comédie française la plus provocante du moment. Le Mélange des genres, avec Benjamin Lavernhe et Léa Drucker est une satire du mouvement #MeToo, où un homme déconstruit est accusé à tort de viol par une policière aux idées conservatrices, qui est infiltrée dans un collectif féministe soupçonné de complicité de meurtre.
En salles ce mercredi 16 avril, ce film qui a valu à Benjamin Lavernhe le prix d'interprétation masculine au festival de l'Alpe d'Huez a été reçu positivement par la majorité de la presse. La Croix a salué sa "drôlerie acide et tendre" tandis que L'Humanité a été sensible à cette comédie "qui tacle avec gourmandise le patriarcat".
Pour Le Parisien, "le réalisateur (Michel Leclerc) marche sur un fil mais parvient à ne jamais verser dans le manichéen". Pour Le Point, ce dernier signe même "un vaudeville moderne réjouissant, mélange de Woody Allen et de Sacha Guitry". Seul Libération a estimé que le film finissait par "reconduire les stéréotypes qu’il prétend déconstruire".
"Ouvrir un débat"
Les premiers spectateurs sont enchantés par le film, à en croire Benjamin Lavernhe: "On a des témoignages très bouleversants", a-t-il raconté au micro de BFMTV. "Des gens en sortant des salles nous ont dit que ça faisait du bien de parler (de #MeToo) différemment."
Le Mélange des genres a été conçu par Michel Leclerc pour "ouvrir un débat", a-t-il confié au Parisien. "On n'est pas là pour être prudent. Un film doit susciter une discussion, un débat. Si je parviens à ça, j'ai rempli mon contrat", a-t-il martelé dans le quotidien, conscient du potentiel polémique du film.
En janvier dernier, au moment de la projection à l'Alpe d'Huez, le réalisateur avait ajouté auprès d'Allociné: "J'espère bien que c'est un film où chaque spectateur sortira avec une idée différente et sortira peut-être avec l'envie de discuter avec son voisin pour savoir de qui il se sent le plus proche, s'il y a quelque chose qui l'a heurté ou pas."
"Tu as beau dire que tu es féministe, on te dit: 'Tu ne peux pas'"
Avec ce film, il a aussi voulu "lutter contre toute forme d'assignation". "Au vu de ce que je suis, mon genre, mon âge, ma profession, (...) tu as beau dire que tu es féministe, on te dit: 'Tu ne peux pas.' Par ta position de réalisation, tu es patriarcal à ton insu. C'est quelque chose qui m'a perturbé et je me suis dit que j'allais affronter le sujet."
Le réalisateur du Nom des gens s'est emparé de ce sujet "avec responsabilité", insiste Benjamin Lavernhe. La comédie ne vise pas à moquer #MeToo, assure encore le comédien. "Ce n'est pas dédramatiser. C'est au contraire pour faire une catharsis."
Pour le comédien, Le Mélange des genres raconte "comment un homme qui se dit déconstruit vit de l'intérieur la révolution et le mouvement #MeToo". "Michel parle de ses peurs, de ses émotions", insiste encore Benjamin Lavernhe. "Tout le monde a la parole. C'est très réjouissant. C'est l'espoir du dialogue."