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Apocalypse, Intelligence artificielle et pantalons taille haute: de "Pacific Rim" à "Her", comment le cinéma a imaginé 2025

Une scène de "Pacific Rim" de Guillermo del Toro

Une scène de "Pacific Rim" de Guillermo del Toro - Warner Bros.

Plusieurs films ont imaginé à quoi ressemblerait 2025... Un monde entre apocalypse nucléaire, monstres géants et pantalons taille haute.

2025 est désormais notre présent. Mais au cinéma, cette année a longtemps été synonyme d'un futur angoissant, qui fleure bon l'apocalypse, les gouvernements despotiques et les monstres géants. "L'année 2025, ça sonne futuriste, n'est-ce pas?", écrivait ainsi il y a quelques jours le quotidien britannique The Guardian.

Dans la série B Le Gladiateur du Futur (1983), étonnant croisement entre New York 1997, Mad Max et The Running Man, la ville de New York est ainsi radioactive depuis une attaque nucléaire. Et elle a été mise à feu et à sang par des hordes de pilleurs, des gangs de motards et des mutants fous.

Dans une autre série B, Future Hunters (1986), très inspirée des Aventuriers de l'arche perdue, l'année 2025 est aussi synonyme d'apocalypse nucléaire. L'action du film ne reste qu'une dizaine de minutes en 2025 et met en scène un maître de kung fu, une armée de guerrières amazones et une bande de soldats nazis.

"Aujourd'hui, nous annulons l'apocalypse"

L'apocalypse est aussi au cœur de Pacific Rim (2013), lettre d'amour de Guillermo del Toro au cinéma japonais. Dans ce futur où les humains vivent cachés, des créatures géantes, les Kaijus, menacent la terre. Pour les combattre, les humains ont construit les Jaegers, des robots géants. Et les pays du monde entier ont allié leurs forces.

De quoi augurer en 2025 une fin des conflits qui divisent la planète? Et une union mondiale pour enrayer le réchauffement climatique? "Aujourd'hui, nous annulons l'apocalypse", martèle effectivement le personnage incarné par Idris Elba dans une célèbre scène de Pacific Rim.

Outre l'apocalypse nucléaire et les monstres géants, le cinéma prévoit aussi pour 2025 des dérives autoritaires et l'avènement d'une société marquée par des actes de violence décomplexée. Le délirant Zebraman 2: Attack on Zebra City (2010) de Takashi Miike, imagine d'incessants actes de violence commis par la police.

Vision angoissante

La comédie potache Hot Tub Time Machine 2 (2015), suite d'un succès surprise du box-office américain, envisageait, elle, en 2025 une émission très populaire de réalité virtuelle forçant ses candidats à accomplir les pires actes condamnés par la loi, dont le meurtre et les agressions. Un peu comme dans la franchise American Nightmare.

Si le roman The Running Man de Stephen King, qui imagine lui aussi une émission de télévision où les candidats se battent pour leur vie, se déroule en 2025, son adaptation de 1987 avec Arnold Schwarzenegger se situe en ... 2017. Une nouvelle version, avec Glen Powell, est prévue pour fin 2025 - et se déroulera bien en 2025.

Repo Man (2010), film oublié avec Jude Law, propose une vision différente, mais tout aussi angoissante de l'année 2025: un monde où il est désormais possible d'améliorer sa vie à l'aide d'organes artificiels sophistiqués et coûteux. Mais en cas de non-paiement, des agents sont envoyés pour éliminer les clients insolvables.

Une métaphore transparente du système de santé américain, souvent critiqué pour ses dysfonctionnements. Comme le souligne The Guardian, Repo Man fait écho de manière troublante à l'assassinat de Brian Thompson, le PDG de UnitedHealthcare, le géant américain de l'assurance santé, qui couvre 51 millions d’Américains.

"L'avenir ne sera probablement pas radieux"

Au-delà des montagnes, du cinéaste chinois Jia Zhangke, propose une vision de 2025 plus réaliste et imagine l'avenir de la Chine à l'issue de plusieurs décennies de mutations économiques. Ce film, qui avait fait l'événement au Festival de Cannes en 2015, se déroule à trois époques, entre 1999 et 2025.

À chaque époque, la puissance chinoise s'étend, et l'image change de format, du 4/3 au scope. La fin du film, peu joyeuse, se déroule en 2025 en Australie, dans un monde vide de sens. Le jeune Dollar y vit avec son père après avoir immigré à l'enfance en quête d'une vie meilleure. Il n'a pas revu sa mère depuis l'âge de 7 ans.

En Australie, Dollar parle couramment anglais, contrairement à son père. Les deux hommes ne parlant pas la même langue, ils ne parviennent plus à communiquer. Un futur particulièrement doux-amer pour interroger la manière dont les mutations économiques de la Chine ont distendu les relations de ses ressortissants.

"À force de parler d'avenir radieux, cela a influencé la vision des Chinois. La propagande est toujours 'positive' en Chine. L’idéal de toute la société est modelé autour de valeurs utopiques : nous travaillons tous dur pour un avenir que nous ne pouvons apercevoir, mais forcément radieux", analysait en 2015 Jia Zhangke dans Le Monde.

"En fait, cela nous prive de la capacité de regarder en face nos problèmes actuels", avait-il ajouté. "S'il y a une seule idée que je veux exprimer à travers le film, c'est que l'avenir n'a pas à être radieux. Et qu'il ne sera probablement pas radieux."

Pantalons taille haute

Her est tout aussi visionnaire. Sorti en 2013, ce film de Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich) où un homme mélancolique et solitaire (Joaquin Phoenix) tombe amoureux de l'intelligence artificielle de son téléphone portable (à qui Scarlett Johansson prête sa voix) imagine une année 2025 pas si éloignée de notre présent.

Outre l'impact de l'IA et des applications de rencontre sur nos vies, le film a également prédit le retour des pantalons taille haute. Un vêtement devenu un incontournable car "il offre d'infinies possibilités de style et a l'avantage de créer un effet trompe-l'œil en rallongeant les jambes et soulignant la taille", estimait en septembre dernier Marie Claire.

Joaquin Phoenix dans le film "Her" de Spike Jonze, dont l'action se déroule en 2025
Joaquin Phoenix dans le film "Her" de Spike Jonze, dont l'action se déroule en 2025 © Warner Bros.

En 2013, l'image de personnages portant des pantalons taille haute avait beaucoup fait rire. Cela n'était pourtant pas l'intention du chef costumier du film. "La première fois que j'ai vu Her avec du public, j'ai eu l'impression que je m'étais trompé (dans mes choix de costumes)", avait-il déclaré à l'époque au Los Angeles Times.

Tourné en partie à Shanghai et Los Angeles, Her offre une vision du futur différente des autres films d'anticipation. Tournant le dos aux teintes bleutées et froides généralement employées en SF, Spike Jonze privilégie des couleurs chaleureuses (rouge, orange) pour renforcer l'impression que ce futur est en réalité notre présent.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV