Blur, "ce n'est pas fini", le batteur Dave Rowntree égraine ses souvenirs dans un livre de photos

Le batteur de Blur Dave Rowntree, ici au festival des Vieilles Charrues le 14 juillet 2023. - Damien MEYER
"Blur va assurément faire autre chose", affirme à l'AFP Dave Rowntree, batteur du groupe de rock britannique mené par Damon Albarn, qui prépare un livre de photos sur les prémices du quatuor emblématique de la Britpop.
En Angleterre et au-delà, les passionnés de rock anglais des années 1990 n'ont qu'une date en tête: vendredi débute à Cardiff la tournée d'Oasis, qui réunifie les frères Liam et Noel Gallagher après 15 ans de rupture.
Pendant ce temps-là, Dave Rowntree, membre fondateur de Blur, peaufine un livre de photos à paraître le 9 septembre, déjà pré-commandable.
Il a retrouvé ces clichés par hasard, dans un vieux carton promis à la déchèterie.
"Dans ma mémoire, ça ne ressemblait qu'à des photos de vacances", lance le batteur de 61 ans, rencontré à Paris. Mais avec le recul, elles témoignent de "notre excitation à faire toutes sortes de choses pour la première fois", confie-t-il.
No One You Know: Dave Rowntree's Early Blur Photos offre une plongée dans les coulisses d'un groupe balbutiant de la fin des années 1980, juste avant l'explosion de la Britpop, rock alternatif sauce british).
Sur le vif, parfois flous et au cadrage aléatoire, ces clichés montrent Damon Albarn, le guitariste Graham Coxon et le bassiste Alex James, parfois accompagnés du directeur de l'éclairage Dave Byars. Rowntree, lui, est derrière l'appareil.
"Nous donnions de tout petits concerts devant très peu de monde. Nous jouions une musique qui n'était pas à la mode à l'époque", se rappelle-t-il.
Joyeuse bande
Contrat d'enregistrement en poche, la joyeuse bande, cigarette au bec, sourire aux lèvres et alcool omniprésent, découvre le monde.
"Un paquet de voyages, un paquet de loges où l'on cherche désespérément quelque chose à faire", sourit le batteur-photographe, se remémorant l'époque où ils "faisaient les imbéciles" pour passer le temps pendant leur première tournée internationale.
Quand le vent de la Britpop se lève, Blur s'envole vers le succès avec des tubes comme "Girls & Boys" et "Song 2".
La formation connaît pourtant turbulences, pauses et reformations: la dernière date de 2023 pour The Ballad of Darren, album suivi d'une tournée passée par Wembley.
Depuis, l'avenir est incertain. Damon Albarn, qui fourmille de projets (Gorillaz, Mozart revisité), a évoqué plusieurs fois la fin de Blur. Son camarade Dave ne veut pas y croire: "Il me semble que ce n'est pas fini", lâche-t-il.
"Il n'y a pas de plan, Blur ne fonctionne pas vraiment de cette façon. Nous n'avons pas de réunions de planification et de stratégie, c'est un peu comme si nous fonctionnions au fur et à mesure", explique Rowntree, qui a eu d'autres vies dans la musique et en politique, au sein du parti travailliste.
Evolution inquiétante
Oasis et Pulp marquent, eux, un retour gagnant sur scène. Mais, plutôt qu'un regain de la Britpop, l'artiste y voit une évolution inquiétante de l'industrie musicale.
"Il est de plus en plus difficile de gagner de l'argent en vendant de la musique enregistrée, les musiciens doivent chercher d'autres moyens de gagner leur vie", donc "de nombreux groupes sont poussés à reprendre la route", remarque-t-il.
"C'est une bonne chose parce que je pense que c'est là que la musique vit, dans la salle de concert, devant un public. (...) Mais l'inconvénient, c'est que cela ne fonctionne vraiment que pour les groupes de notre niveau, les Pulp, les Blur, les Oasis", ajoute-t-il.
La tournée attendue des frères Gallagher a également essuyé de vives critiques sur le prix des places, qui ont explosé en raison de la tarification dynamique, outil pour maximiser les recettes de billetterie.
"C'est une arme à double tranchant, n'est-ce pas ? D'un côté, je suis vraiment content qu'ils soient en tournée", s'enthousiasme Dave Rowntree, soulignant "les avantages économiques" générés par ce million de places vendues.
"D'un autre côté, il est dommage que les bons billets soient désormais si chers", reconnaît le musicien, qui en avait acheté un mais ne pourra finalement pas assister au concert. "J'ai dû le donner à un ami!"