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Bandes dessinées

Le caricaturiste Willem reçoit le Grand Prix de l'Académie des beaux-arts

Le dessinateur et caricaturiste Willem le 25 janvier 2002, à Angoulême, lors de la 29e édition du Festival international de la bande dessinée

Le dessinateur et caricaturiste Willem le 25 janvier 2002, à Angoulême, lors de la 29e édition du Festival international de la bande dessinée - Jean-Pierre Muller

Le dessinateur de 83 ans, qui a marqué des générations par ses dessins en noir et blanc dans le journal Libération, va recevoir son prix des mains de Catherine Meurisse.

Le caricaturiste néerlandais Willem, 83 ans, qui a marqué des générations par ses dessins en noir et blanc dans le journal Libération, va recevoir ce mercredi 5 mars dans la soirée le Grand Prix de l'Académie des beaux-arts.

Il lui sera remis sous la Coupole du Palais de l'Institut de France par la dessinatrice de presse et autrice de bande dessinée Catherine Meurisse, membre de la section de gravure et dessin de l'Académie.

Cette distinction s'inscrit dans le cadre des "Grands Prix de l'Académie des beaux-arts" créés en 2023 et dotés de 30.000 euros.

"Tuer la connerie"

Né le 2 avril 1941 à Ermelo, à 70 km à l'est d'Amsterdam, Bernhard Willem Holtrop fait partie dans les années 1960 du mouvement anarcho-artistico-écologique hollandais Provo. Il dessine contre la censure et fonde un journal satirique qui est saisi après la publication d'un dessin représentant la reine Juliana en prostituée.

Cultivé et polyglotte - il parle aussi français, allemand, anglais et norvégien -, il avait quitté Libé en 2021 après 40 ans au sein de ce journal, cédant la place à la dessinatrice Coco, venue de Charlie Hebdo.

Antimilitariste, anticlérical, Willem avait continué à collaborer pour Charlie Hebdo et à croquer l'absurde et l'abject pour, disait-il, "tuer la connerie". Débarqué en France en 1968, dans un Paris en pleine ébullition, il se lie avec Topor et Siné.

Il travaille pour L'Enragé puis Hara-Kiri, et dirige en 1976 Surprise, éphémère journal de BD. L'aventure prend fin dès le 5e numéro après l'interdiction de vente aux mineurs prononcée par le gouvernement.

Regard acéré

A partir de 1981, il publie une puce quotidienne dans Libération, où il donne libre cours à son regard acéré sur le monde, croquant la politique et le sexe dans une imagerie parfois violente. Il rejoint aussi, parallèlement, l'équipe de Charlie Hebdo nouvelle formule lancée en 1992.

Retiré dans les années 2010 en Bretagne sur l'île de Groix, au large de Lorient, il cesse de participer aux conférences de rédaction. C'est ce qui l'a sauvé, le 7 janvier 2015, de l'attentat jihadiste au siège de Charlie Hebdo qui a décimé la rédaction de l'hebdomadaire.

A son départ de Libé, à 80 ans, Willem regrettait que "le politiquement correct freine désormais beaucoup de gens". "Quand j'ai commencé, la censure venait de la justice ou de l'Etat. Aujourd'hui, ça vient des rédactions ou des amis. Maintenant, la chape de plomb morale vient du 'bon côté'."

J.L. avec AFP