Yvelines: un agriculteur reçoit une lettre d'intimidation de ses voisins opposés à son élevage de vaches

Il est jugé indésirable par ses voisins. Après plusieurs années de lutte judiciaire, Fabien Le Coïdic, éleveur, a commencé à concrétiser son projet de ferme bio à Adainville, un petit village de 760 habitants dans les Yvelines.
Dans son exploitation, une trentaine de chevaux et une quinzaine de vaches issues d'une race menacée d'extinction, la bretonne pie noir. Ce sont ses dernières qui posent problème aux villageois alentours.
"Une ruralité lourde et déplaisante"
Alors que les premières vaches sont arrivées sur place, un courrier anonyme a été déposé chez l'éleveur, sans timbre. Fait inquiétant, il l'attendait directement sur la table de son salon.
Une lettre ouvertement opposée à l'installation des vaches sur le terrain, et rendue publique par son avocat Timothée Dufour sur Twitter.
Au cœur de l'opposition des villageois, une forme d'élevage qu'ils qualifient de "rétrograde et cruelle", "à l'encontre de l'évolution des moeurs".
"Un retour des vaches représenterait un retour à la ruralité lourde et déplaisante qui n'a plus sa place ici", écrivent les auteurs qui se nomment simplement en fin de courrier "vos voisins".
Les auteurs suggèrent à Fabien Le Coïdic de se tourner vers l'élevage de moutons ou bien de "continuer à faire du foin comme cela se fait depuis longtemps".
L'agriculteur a réagi après avoir reçu cette lettre. "Travailler dans un village où personne ne veut de nous, ça ne donne pas très envie", a-t-il expliqué.
L'avocat de l'exploitant dénonce quant à lui une forme "d'agribashing" (le dénigrement de l'agriculture) qui se révèle dans cette lettre au champ lexical de "l'anti-spécisme".
Les voisins de l'éleveur écrivent également qu'ils persisteront à s'opposer à Fabien Le Coïdic "par les voies légales que vous connaissez déjà", menaçant ainsi de faire durer un feuilleton judiciaire déjà bien entamé depuis trois ans.
Un parcours judiciaire commencé il y a trois ans
"La justice s'est exprimée, il y a eu trois décisions, le législateur est même intervenu", a rappelé ce jeudi Timothée Dufour sur le plateau de BFMTV.
Dès 2020 déjà, le voisinage faisait part de leur mécontentement face aux nuisances que pourraient entraîner l'implantation de l'exploitation. Parmi eux, l'éditrice Odile Jacob et son époux ainsi que deux autres couples.
L'affaire est amenée devant la justice, et au printemps 2021, l'éleveur a obtenu gain de cause auprès du Conseil d'État, qui a rejeté la requête du voisinage.
En janvier 2022, le tribunal administratif de Versailles a confirmé cette décision, mettant a priori fin à deux ans de lutte pour Fabien Le Coïdic.
La juridiction estimait il y a un an que la propriété agricole était très éloignée des habitations, et que compte tenu de cette distance, les nuisances sonores, olfactives, visuelles ou sanitaires ne sont pas démontrées.
"Vous avez une minorité qui persiste à contester l'existence d'activités agricoles dans des campagnes rurales qui sont pourtant un espace de travail. Et ça, c'est inacceptable", déplore l'avocat de l'agriculteur.
Sur BFMTV, Timothée Dufour l'affirme, Fabien Le Coïdic est "plus que jamais déterminé" à faire installer sa ferme bio. Pour l'avocat de l'exploitant, cette lettre révèle surtout un climat anti-agriculteurs qui se popularise plus que jamais.