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Paris Île-de-France

Yvelines: des riverains s'opposent à un projet de rénovation de centre-ville dans une zone inondable

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Les habitants de Saint-Rémy-lès-Chevreuses se mobilisent contre le projet "Coeur de ville", qui prévoit la construction de logements et de commerce dans une zone qui a déjà été inondée par le passé.

Ils disent non au projet. Les habitants de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans les Yvelines, s'opposent catégoriquement au projet de rénovation du centre-ville, en pleine zone inondable.

Le projet "Coeur de ville", validé par la municipalité en 2019 et attribué au promoteur immobilier Nacarat, prévoit la création de commerces, d'environ 80 logements et même d'une crèche pour l'été 2023.

Problème: l'emplacement se trouve sur les bords de l'Yvette, du Rhodon et du Montabé, des rivières qui ont tendance à déborder lors d'épisodes de crues, comme cela a été le cas en 2016 et 2018.

"Le projet est ici", explique une riveraine en désignant l'emplacement sur une photo montrant cette même rue inondée en 2016. "On est là, en plein centre des inondations."

La représentante du collectif des riverains du projet Coeur de ville désigne l'emplacement du chantier, en zone inondable.
La représentante du collectif des riverains du projet Coeur de ville désigne l'emplacement du chantier, en zone inondable. © BFM Paris-Île-de-France

"Nous ne voulons pas, demain, deux mètres d'eau"

Le collectif de riverains du projet Coeur de ville dénonce un chantier qui ne fera qu'aggraver les risques d'inondation auxquels sont déjà soumis les habitations du secteur.

"Tous les riverains ont eu pratiquement un mètre d'eau dans leur maison" lors des dernières inondations majeures, rappelle Nathalie Idrissi, représentante du collectif, au micro de BFM Paris-Île-de-France. "Nous ne voulons pas, demain, deux mètres d'eau."

L'année dernière, la préfecture des Yvelines avait pris un arrêté pour s'opposer au projet, en se basant sur une procédure de la Direction départementale des territoires qui exigeait des documents supplémentaires de la part du promoteur pour justifier la mise en sécurité des habitants par rapport aux risques d'inondation, expliquaient alors nos confrères du Parisien.

L'arrêté préfectoral n'imposait toutefois pas de mettre fin aux travaux, et ceux-ci ont donc continué. D'autant plus que la municipalité de Saint-Rémy-lès-Chevreuse a mis à disposition du promoteur un jardin et un parking public pour servir de zone d'expansion, c'est-à-dire un espace où les eaux de débordement pourront se répandre lors d'une crue.

Une décision qui est loin de satisfaire les riverains. "Des parcelles publiques sont mobilisées pour un projet privé qui n’a pas su/voulu trouver de compensation sur sa propre parcelle, en réduisant son emprise au sol et donc sa rentabilité", dénonce le collectif dans une lettre ouverte adressée au reste des habitants en septembre dernier.

Trois recours déposés

Le collectif pointe également du doigt un projet qui va contribuer à bétonniser un secteur inondable, et donc augmenter le risque d'inondations.

"C’est un risque très fort d’être à nouveau inondé, et d’être encore plus inondé", déplore Nathalie Idrissi. "Puisqu'évidemment, avec toutes ces constructions, on comprend bien que l’eau, il faut qu’elle aille quelque part. Donc elle ira chez nous, riverains, encore plus qu’avant."

Le collectif de riverains réclame une simulation d'inondation qui prendrait en compte les trois rivières, car jusqu'ici, le Rhodon n'a pas été pris en compte lors des études de risques.

Mais pour la municipalité, cette rivière en particulier ne pose pas de problème. "Le Rhodon vient se jeter dans l'Yvette", explique Dominique Bavoil, maire de Saint-Rémy-lès-Chevreuse. "Donc c'est l'Yvette qui est la rivière principale, avec un débit."

L'élu répond également aux critiques formulées par les riverains sur les risques d'inondations rendus plus importants par ce projet. "Les collectifs qui se plaignent n'ont qu'à permettre de renaturer les berges au droit de leur propriété, et on gérera un peu mieux le Rhodon."

Le collectif de riverains du projet Coeur de ville a porté plainte et déposé trois recours devant le tribunal administratif de Versailles contre la mairie et la préfecture, pour faire annuler le permis de construire.

Chloé Bertaud, Maïmouna Barry, Hilal El Aflahi avec Laurène Rocheteau