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Vertiport à Austerlitz: des élus écologistes franciliens dénoncent l'installation du projet de "taxis volants"

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Cinq élus écologistes se sont mobilisés ce vendredi 31 mai afin de protester et dénoncer la mise en place du vertiport sur le quai d'Austerlitz.

Le vertiport d'Austerlitz est en cours d'installation sur le quai d'Austerlitz dans le 13e arrondissement de Paris depuis la semaine dernière. Plusieurs élus écologistes se sont rassemblés ce vendredi 31 mai au matin afin de protester et dénoncer la mise en place de ce projet.

Ce vertiport est une plateforme, comme une barge, de 740 m², flottant sur la Seine. Il est amarré le long du quai d'Austerlitz.

"On est là pour empêcher cette situation de prospérer"

Les promoteurs des taxis volants électriques espèrent les expérimenter pendant les Jeux olympiques et paralympiques cet été, mais visent désormais une certification de leurs engins "à l'automne" par les autorités européennes.

Le vertiport d'Austerlitz sur le quai d'Austerlitz dans le 13e arrondissement de Paris voulu par le groupe ADP.
Le vertiport d'Austerlitz sur le quai d'Austerlitz dans le 13e arrondissement de Paris voulu par le groupe ADP. © BFM Paris IDF

"Tout le dispositif démocratique a donné des avis défavorables", rappelle Christine Nedelec de l'association FNE Paris et membre du collectif "Non aux taxis volants". "On est là pour empêcher cette situation de prospérer", ajoute-t-elle.

Cinq élus écologistes se sont mobilisés ce vendredi matin. Ils représentaient "chacun un échelon démocratique" avec la députée Sandrine Rousseau, la sénatrice Mathilde Ollivier, la conseillère régionale d'opposition Charlotte Nenner et encore deux adjoints à la maire de Paris, Dan Lert en charge de la transition écologique et du plan climat, et Anne-Claire Boux en charge de la santé.

"C'est une manière de forcer la main du ministre (des Transports, ndlr) en fait. Une fois que la barge est faite, qu'elle est construite. On ne comprendrait pas que le ministre ne donne pas l'autorisation", soupire la députée de Paris Sandrine Rousseau.

Et de citer: "Vous comprendrez bien, messieurs, ça nous a coûté cher de faire cette barge. Maintenant, il faut prendre la décision". Pour la députée, il s'agit "d'une manière de montrer le rapport de force face à l'Etat et ce n'est pas admissible".

Une liaison entre Austerlitz et l'héliport d'Issy-les-Moulineaux

D'autant que l'Etat n'a pas, pour le moment, donné d'autorisation à l'expérimentation de ses engins volants. Selon une source à BFM Paris Île-de-France, cette autorisation pourrait intervenir dans les prochains jours.

"L'installation de la structure ne préjuge pas de l'éventuelle autorisation par l'Etat de l'expérimentation", assure le groupe ADP à BFM Paris Île-de-France qui veut être "prêt" le cas échéant.

Gestionnaire des aéroports parisiens, le groupe ADP est associé dans ce projet à la région Île-de-France et à Volocopter, une start-up allemande, en difficulté financière et privée fin avril de garanties de prêts par les autorités.

"Les aménagements de la barge flottante quai d'Austerlitz sont rendus possibles dans le cadre d'une convention signée avec Haropa Port, qui permet la location de l'emplacement et autorise d'y mener ces travaux", précise le groupe ADP à BFM Paris Île-de-France.

Le vertiport d'Austerlitz, selon les documents d'ADP, doit permettre aux taxis volants d'assurer une liaison aérienne entre le 13e et l'héliport d'Issy-les-Moulineaux situé dans le 15e arrondissement de Paris.

"Pour moi, c'est vraiment le caprice de dirigeant, avec leur écharpe pour inaugurer une belle plateforme pour croire qu'ils ont imaginé le futur. Imaginer le futur, c'est imaginer le métro et le RER à Paris", assure Sandrine Rousseau.

Les enjeux du bruit dénoncés par les élus écologistes

"Il n'y aura pas de commercialisation des places pour les vols durant les Jeux olympiques et paralympiques", assure ADP.

"Cette expérimentation a comme premier objectif de répondre à des usages sanitaires et dans le domaine du médical, en partenariat avec l'ADAC (le SAMU allemand) et avec l'AP-HP autour d'un protocole qui vise à comparer les temps de parcours de l'aéronef avec celui d'une ambulance classique, dans un univers urbain dense", détaille ADP à BFM Paris Île-de-France.

Les enjeux de bruits sont aussi dénoncés par les opposants. "Le bruit a un impact sur la santé physique et mentale", rappelle Anne-Claire Boux, l'adjointe à la Santé d'Anne Hidalgo. "Ce projet, qui est complètement inutile, viendrait à l'encontre de tout le travail que l'on a réalisé pour baisser le bruit", poursuit-elle.

Le collectif "Non aux taxis volants" et les élus assurent que les engins sont bruyants de l'ordre de 75 décibels au décollage et à l'atterrissage.

"Les premières mesures sonores effectuées sur l’aérodrome de Pontoise ont fait apparaître un niveau d’émission de 65 décibels, en deçà du niveau d’émission d’un autobus conventionnel", assure ADP à BFM Paris Île-de-France. Et que ce type d'engin est "quatre fois moins bruyant qu'un hélicoptère".

Une installation de barge serait temporaire, le groupe ADP promet qu'elle "sera retirée à la fin de l'année".

La présidente d'Île-de-France Valérie Pécresse a encore défendu mercredi 29 mai le projet des taxis volants électriques que la région finance dans le cadre de l'expérimentation mondiale pour les Jeux olympiques de Paris, lançant à l'opposition de gauche qu'on ne reviendrait "pas à la bougie".

Nicolas Dumas avec Alicia Foricher