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Paris Île-de-France

Valérie Pécresse veut faire signer aux universités franciliennes une "charte républicaine" pour l'obtention des subventions

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Valérie Pécresse a annoncé vouloir faire signer une charte républicaine aux universités pour leur permettre d'obtenir des subventions de la région. Une charte soumise au vote du conseil régional ce vendredi 15 novembre.

Valérie Pécresse lance un coup de pression aux universités franciliennes. Pour toucher les subventions régionales, les facultés devront signer et respecter une nouvelle charte républicaine, soumise au vote au conseil régional ce vendredi 15 novembre.

Six grands principes régissent cette charte: la laïcité, le respect des lois de la République, la lutte contre les violences et les discriminations de toutes formes, la liberté d'expression, la sauvegarde de la dignité de la personne humaine et enfin le respect des valeurs et des symboles de la République.

La proposition de mise en place de cette charte républicaine fait notamment suite aux annonces de la présidente de région en avril dernier de suspendre les financements régionaux de Sciences Po Paris après un mouvement de soutien à la cause palestinienn. Un mouvement également observé depuis plusieurs mois dans d'autres établissements comme, l'université Paris 8, l'École normale supérieure et l'École des Mines.

"C'est avec inquiétude que je vois nos universités et nos écoles noyautées par des mouvements dont la radicalité nous éloigne largement de l’humanisme universitaire", a déclaré Valérie Pécresse ce vendredi matin.

Dans ce contexte, avec cette charte, la présidente de la région Île-de-France, veut selon son entourage, "redire le droit à un moment où il est peut être remis en cause par des minorités agissantes". La région souhaite également rappeler aux établissements d'enseignement supérieur leur responsabilité face à ce type de mobilisations.

En 2023, 30 des 100 établissements de la région ont reçu une part des 70 millions d'euros de subventions.

Une motion de rejet déposée par l'opposition

"Cette charte entre les établissements d’enseignement supérieur et la région a avant tout pour objectif de redire le droit, à un moment où ce dernier peut être remis en cause par des minorités agissantes", explique le conseil régional, qui veut par le biais de cette charte "réaffirmer les principes de laïcité et d'égalité".

Une forme de "substitution à la justice" inadmissible pour l'opposition, qui refuse l'adoption du document. "Valérie Pécresse n'a pas à utiliser les deniers de la région à des fins politiques", dénonce le groupe LFI-A.

"La liberté fondamentale des universités et de leurs usagers ne peut être soumise au contrôle arbitraire d'une présidente autoritaire qui se rêve en commissaire politique", lance le groupe dans un communiqué.

La gauche communiste, écologiste et citoyenne a également présenté une motion de rejet, estimant que cette charte régionale était "imprécise, superfétatoire, à l'usage flou, discrétionnaire et vecteur de dangers".

"Museler toute expression étudiante"

Un avis également partagé par les étudiants concernés, en particulier les élèves de Sciences Po Paris. "Cette charte est une opération de communication politique", dénonce Ines Fontenelle, vice-présidente des étudiants de Sciences Po, auprès de BFM Paris Île-de-France. "Cette dérive illibérale porte atteinte à l’un des volets de la liberté académique qui consiste dans l’indépendance de la gouvernance des établissements."

Elle l'assure, l'objectif de Valérie Pécresse est "de museler toute expression étudiante en soutien à la cause palestinienne".

Même son de cloche du côté de l'Unef. "On a l'impression que c'est dire aux présidences d'universités de faire une répression de plus en plus forte face à la mobilisation qu'il y a lieu depuis plusieurs années, et encore plus depuis ce qu'il se passe en Palestine", estime Hania Hamidi, secrétaire générale du syndicat étudiant.

Le syndicat considère que le respect des symboles de la République ne va pas à l'encontre des mobilisations étudiantes, et que ce que réclame la charte républicaine est déjà en place dans les facultés.

Par ailleurs, plusieurs juristes estiment que cette charte républicaine est inutile puisque les valeurs qu'elle défend sont déjà inscrites dans la loi depuis 1968.

La charte républicaine régionale passe en délibération ce vendredi dans le cadre d'une procédure d'urgence.

Djena Tsimba et Nicolas Dumas, avec Juliette Moreau Alvarez