BFMTV
Val-de-Marne

Val-de-Marne: la gauche vent debout contre les fermetures de crèches départementales

Un enfant dans une crèche. (Illustration)

Un enfant dans une crèche. (Illustration) - FRED DUFOUR © 2019 AFP

La fermeture de crèches départementales dans le Val-de-Marne cristallise les tensions entre la majorité de droite et l'opposition, qui accuse l'exécutif de tourner le dos à une politique historique du département.

Pour protester contre le regroupement annoncé de crèches départementales à Arcueil, Cachan, Gentilly et Vitry-sur-Seine, les conseillers départementaux de gauche ont organisé ce lundi 23 juin un rassemblement devant l'hôtel du département.

"Cette décision brutale s'est faite sans concertation ni avec les parents ni avec les agents ni avec les élus et les maires concernés", a dénoncé devant près de 200 manifestants Fatiha Aggoune (PCF), présidente du groupe Val-de-Marne en commun.

Avec 81 crèches départementales, le Val-de-Marne compte la moitié de ce type de structures au niveau national.

Cette politique en faveur de la petite enfance est en grande partie héritée de programmes menés par la gauche, au pouvoir dans le département pendant près d'un demi-siècle.

Élu à la tête du département du Val-de-Marne en 2021, Olivier Capitanio (LR) justifie les fermetures de crèches par les difficultés de recrutement des auxiliaires de puériculture et la crise budgétaire des départements.

"Quand vous faites des regroupements, vous atteignez les niveaux d'encadrement nécessaires et vous pouvez ouvrir des berceaux", assure-t-il, affirmant que 57 places supplémentaires seront créées et que toutes les familles concernées seront réaffectées.

Le patron du département liste également plusieurs projets de construction ou de rénovation de crèches et de centres de protection maternelle et infantile (PMI) à Créteil, Boissy-Saint-Léger, Sucy-Ormesson, Choisy-le-Roi et Orly pour un budget de 24 millions d'euros.

Olivier Capitanio rappelle enfin que la Seine-Saint-Denis, dirigée par la gauche, a elle-même procédé à des fermetures de crèches départementales et ironise sur "l'hypocrisie qui consiste à considérer que c'est un scandale quand on est dans l'opposition, mais que si on le fait quand on est en responsabilité, il faut applaudir des deux mains".

"Politique partisane"

Mais la gauche val-de-marnaise s'élève contre des décisions qu'elle juge unilatérales et des méthodes qui, selon elle, manquent de transparence.

"Nous avons appris au détour d'un mail que la crèche (Claude Berthollet, NDLR) allait fermer, puis nous l'avons annoncé aux parents et aux agents de la ville", s'insurge le maire d'Arcueil Christian Métairie (EELV).

"Il faut être culotté pour oser dire qu'on ferme des crèches et que ça améliorera l'accueil", poursuit l'édile.

L'opposition accuse aussi M. Capitanio de favoriser les communes dirigées par des maires de sa tendance politique en y ouvrant des crèches au détriment des villes de gauche.

L'exécutif "conduit une politique partisane servant la droite et son camp et considère que les habitants de nos communes n'auraient pas la même valeur et les mêmes besoins", assène la maire de Cachan, Hélène de Comarmond (PS).

Mère d'un enfant inscrit à la crèche des Granges à Vitry, qui doit fermer début août, Elsa Kaczmarek appréhende la réaffectation vers un établissement plus éloigné de son domicile et des temps de trajet plus longs.

"On va devoir réveiller notre enfant une heure plus tôt", anticipe-t-elle. "Et on passe d'une toute petite crèche familiale à une usine à bébés", ajoute Elsa Kaczmarek, élue de gauche au conseil municipal de Vitry.

"On a un patrimoine culturel unique en France dans le Val-de-Marne avec un savoir-faire, des professionnels qualifiés", estime pour sa part Françoise Redon, directrice adjointe d'une crèche départementale à Créteil.

"Je comprends les restrictions, mais ce sont des choix politiques", regrette-t-elle.

Lilian Pouyaud