Louis Boyard candidat, désunion de la gauche, maire esseulé: à Villeneuve-Saint-Georges, l’élection municipale disputée

L'hôtel de ville de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) en septembre 2023. - BFM Paris Ile-de-France
Le siège du maire de Villeneuve-Saint-Georges, particulièrement convoité. Après de longues semaines de tergiversation, la préfecture a convoqué, ce jeudi 12 décembre, le premier tour des élections le dimanche 26 janvier.
Le conseil municipal de cette ville populaire du Val-de-Marne a perdu plus du tiers de ses élus en novembre dernier après quatre années de crise politique, provoquant ces nouvelles élections.
Le député LFI Louis Boyard, dont la circonscription comprend la cité cheminote, a annoncé sa candidature ce mardi 10 décembre. Ce n'était pas le premier à s'être déclaré.
Au moins trois candidats à droite et au centre
Éric Colson, un conseiller municipal d'opposition encarté à l'UDI l'avait annoncé dans 94citoyens, la veille. "Avec l'équipe actuelle, la ville est condamnée à l'immobilisme", nous explique cet ancien sapeur-pompier qui déplore "les grands coups de butoir" que connaît la cité cheminote, fief communiste de 2008 à 2020 passée à droite et se pose en alternative à "un excessif de gauche ou de droite".
Contactée Amandine Mackako qui est la référente locale d'Ensemble pour la République, prône une candidature au centre et indique que des discussions sont en cours avec les instances départementales pour décider de soutenir la liste Colson ou créer une alternative.
Il faudra compter sur la présence de deux autres listes à droite. D'abord celle de Kristell Niasme, première adjointe du maire jusqu'à ce qu'elle ne se range dans l'opposition au printemps 2023.
"S'il y a une élection, je serai candidate. J'appliquerai le programme pour lequel nous avons été élus en 2020 et qui n'a jamais été appliqué. Les habitants en ont marre, ils se plaignent des services publics qui ne fonctionnent pas, de l'insécurité qui a empiré. Les classes moyennes fuient", tacle celle qui est également élue LR au Conseil départemental du Val-de-Marne auprès de BFMTV.com.
Le maire sortant, Philippe Gaudin, conteste la décision de la préfecture de convoquer des élections anticipées. Il se dit "serein" et nous signale qu'il contestera cette décision devant le tribunal administratif. Pour l'édile, il y a un doute sur la sincérité de la démission des colistiers de Kristell Niasme. Celle-ci s'est chargée de transmettre leurs démissions au maire. Or, la forme imposerait une remise de courrier individualisée.
"Je commence à recevoir ce jeudi des conseillers démissionnaires pour m'assurer qu'ils n'ont subi aucune pression. J'ai la jurisprudence du Conseil d'État avec moi", nous assure-t-il. Cela dit, il confirme qu'il sera candidat à une éventuelle élection anticipée. "Si jamais je devais retourner aux urnes, bien sûr que j'irai pour terminer le mandat. J'ai un bilan et des projets pour Villeneuve-Saint-Georges et je n'ai pas besoin d'investiture".
Un rassemblement de la gauche très compliqué
Lors des législatives de juin et juillet dernier, la ville a voté à 61,16% pour Louis Boyard alors candidat du Nouveau front populaire dans une triangulaire avec l'extrême-droite et la majorité présidentielle. Face à la profusion de listes de droite et du centre, Villeneuve-Saint-Georges pourrait arithmétiquement repasser à gauche. Mais les partis ne se facilitent pas la tâche.
Ces trois dernières semaines, des discussions ont eu lieu au plan départemental et local entre les communistes, les socialistes, les écologistes et les insoumis en vue d'une liste commune.
"Nous avons acté le fait que la situation de crise perdurait dans cette ville et qu'il fallait une liste d'union de la gauche derrière Daniel Henry (PCF) qui a une expérience d'ancien premier adjoint à un moment où les services publics locaux doivent être rétablis", résume Özer Öztorun, le premier secrétaire fédéral du parti communiste français dans le 94. "Mais LFI nous a dit qu'ils étaient sur une candidature citoyenne de rupture avec le passé".
Selon plusieurs participants à ces réunions, Louis Boyard poussait alors pour la candidature d'une liste dirigée par Mamadou Traoré, un responsable associatif local, choisi par le groupe local LFI.
"On était en train de la préparer pour une liste citoyenne soutenue par LFI", raconte à BFMTV.com un membre de ce groupe. Et il y a 10 jours, Louis Boyard nous a annoncé qu'il avait décidé de partir (de se présenter, NDLR)."
"[Il a dit] 'je pars au vu de ma notoriété'. Il veut que l'on soit derrière lui au vu de la notoriété, du délai court, tout le monde va sortir l'armada parce que ces élections revêtent un enjeu national", explique un proche.
Le député insoumis assure qu'il avance sur un programme et une liste "jeune et populaire" et prône "le rassemblement de la gauche", mais la proposition d'une liste dirigée par Daniel Henry ne trouve pas grâce à ses yeux. "C'est faire du neuf avec du vieux".
L'ancien syndicaliste lycéen n'a pas digéré non plus que le représentant local des écologistes, Birol Biyik, probablement dans le trio de tête de la liste d'union de la gauche, n'appelle pas à voter pour lui lors des législatives victorieuses de cette année.