La ville de Rungis investit davantage dans la plaine Montjean malgré l'échec de sa micro-ferme

La ferme du Rimarin sur la plaine Montjean à Rungis en juillet 2023 (Illustration) - Google Street View
Sur la plaine Montjean à 15 km au sud de Paris, des dizaines d'hectares de terres agricoles sont cernées par l'aéroport d'Orly, des autoroutes, le marché de Rungis et un nouveau lotissement. La mairie et la région s'activent pour protéger ces terrains des promoteurs et veulent installer des maraîchers là où l'on a cultivé des céréales jusqu'à récemment.
Mi-décembre, la ville a signé l'acte de vente de 15 parcelles représentant 2,7 hectares auprès de l'aménageur public Epa-Orsa pour un montant d'environ 190.000 euros. 70.000 euros de l'hectare! Un prix considérable puisque les terres les plus fertiles d'Île-de-France se négocient au maximum à 20.000 euros l'hectare. Mais c'est une paille pour la commune enrichie par les impôts des sociétés qu'elle abrite et qui consacre plus de 10 millions d'euros tous les ans à ses investissements.
Le conseil municipal a voté à l'unanimité cette décision le 19 novembre sans que le sujet ne prête à discussion. Dans le magazine municipal distribué avant les fêtes de fin d'année, le maire, Bruno Marcillaud explique qu'il travaille avec deux bureaux d'étude, BioAbondance et Mutatis notamment pour aider davantage de petits producteurs à s'installer.
"Il faut désormais poursuivre nos aménagements pour faire avancer notre projet d’agriculture urbaine et notamment la mise en œuvre 'd’un panier agricole' avec des exploitants qui offriraient des produits complémentaires: fruits, légumes, œufs, petit élevage, herbes aromatiques…", motive l'édile.
Il souhaite que les habitants de Rungis profitent de cette production locale et compte sur eux pour vendre leurs produits au service local de restauration scolaire.
Règlement de comptes avec une exploitante
Cette nouvelle impulsion de la mairie intervient après des mois de désaccord avec une exploitante installée depuis cinq ans dans une micro-ferme permacole, la ferme du Rimarin, propriété de la commune. Rungis n'a pas renouvelé le contrat de prêt d'usage et sélectionne des nouveaux candidats pour la reprendre.
"Depuis son installation, l’exploitante de cette ferme n’a su développer aucune offre pour les Rungissois, ni même de partenariats avec la ville pour les cantines, alors que nous avions mis beaucoup de choses en œuvre pour l’y aider! La ville n’a donc pas renouvelé son commodat", tacle le maire dans le magazine.
Quelques semaines plus tôt, l'agricultrice qui était déjà en partance, avait critiqué sur sa page Facebook les conditions imposées par la mairie aux futurs exploitants comme la limitation de l'usage des serres ou de constructions de bâtiments.
"Pas de serre pour un maraîcher, c'est pas de légumes phares comme les tomates, aubergine, poivrons sur une longue période de production. Sur une année pluvieuse comme cette année, cela ne signifie pas de chiffre d'affaires", dénonce-t-elle pointant également le manque de locaux ne serait-ce que pour stocker les productions et surtout, l'aridité du terrain.
"Le terrain est calcaire et hyper drainant sur cette plaine. Il faut arroser plus pour maintenir le sol humide. Il ne pleut pas suffisamment pour remplir les noues qui ne sont pas étanches. Je ne vois pas comment on peut remplir un bassin avec ce type d'installation", poursuit l'agricultrice.