"C'est l'horreur absolue": un homme jugé à Créteil pour le meurtre d'Anaïs M. en 2021

Photo d'illustration. - Damien Meyer - AFP
Le corps d'Anaïs M., 18 ans, avait été retrouvé partiellement dénudé sur un trottoir en région parisienne. Un jeune homme âgé de 23 ans est jugé à partir de ce mercredi 22 octobre pour son meurtre devant la cour d'assises du Val-de-Marne.
Lilian M. reconnaît avoir frappé et tué la victime en l'étranglant au Plessis-Trévise où il résidait, après un différend lié au paiement d'un acte sexuel tarifé. Dans la nuit du 9 au 10 mai 2021, la victime s'était rendue dans cette ville de la banlieue sud-est de Paris après que l'adolescent de 18 ans l'avait contactée via une petite annonce par laquelle elle se prostituait.
Anaïs M., 18 ans, originaire de Dunkerque (Nord), séjourne alors régulièrement en région parisienne avec celui qui se présente comme son petit ami, détaille l'ordonnance de mise en accusation qu'a pu consulter l'AFP. Deux amies confirmeront aux enquêteurs que l'adolescente se prostituait.
Lorsqu'Anaïs M. retrouve l'accusé, ce dernier est alcoolisé. Après un début d'acte sexuel finalement interrompu, Lilian M. refuse de payer les 100 euros qu'il doit à la jeune fille. Celle-ci proteste, il la frappe. Elle tombe par terre, il la relève "en l'étranglant avec son bras droit, tout en lui obstruant la bouche avec la main gauche", détaille la juge d'instruction.
Alors qu'il comprend qu'elle est décédée, il reste "une dizaine de minutes à côté d'elle sans tenter de la ranimer" bien qu'il soit titulaire d'un brevet de secourisme, souligne la magistrate.
Le 10 mai, au petit matin, une livreuse de journaux découvre le corps d'Anaïs, robe légère remontée à la taille, sur un trottoir de Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Là où l'accusé l'a déposée, après avoir tenté de la brûler "peut-être (avec) le souhait inconscient de dissimuler", selon lui.
Parti en cavale, il sera interpellé quelques jours plus tard au domicile de sa tante en région parisienne.
"Leur vie est terminée"
Quatre ans plus tard, le père, la mère, la grand-mère et le demi-frère d'Anaïs "n'attendent rien, leur vie est terminée, c'est l'horreur absolue", indique à l'AFP Me Fabien Arakelian, leur avocat.
Anaïs M. a été enterrée chez elle, à Dunkerque, une dizaine de jours après les faits. Dans un texte écrit pour l'occasion, sa mère la décrivait comme "pleine de vie, de grâce, de gentillesse et de douceur".
"Ce dossier n'est pas le dossier du proxénétisme ou de la prostitution", reprend Me Arakelian, mais plutôt celui "d'un jeune homme d'une très bonne famille qui est devenu meurtrier".
L'accusé "assume pleinement ses responsabilités" dans le "drame" de la mort d'Anaïs M. mais conteste "l'intention de tuer", a assuré son avocat Me Julien Dubs à l'AFP, pour qui Lilian M. n'a "pas du tout le profil" d'un meurtrier.
Une expertise psychiatrique a relevé que ce dernier, sans pathologie psychiatrique particulière, souffrait d'un "handicap émotionnel" et présentait une "dangerosité criminologique". Lors de l'instruction, une ex-petite amie de Lilian M. a déclaré que l'accusé l'avaient déjà frappée, décrivant leur relation comme "toxique". Le verdict est attendu ce vendredi 24 octobre.
En France, les associations estiment à au moins 15.000 voire plus de 20.000 le nombre de mineurs, essentiellement des jeunes filles, en situation de prostitution. En 2024, police et gendarmerie ont enregistré 435 victimes mineures de proxénétisme (+14% par rapport à 2021) et 224 victimes d'un achat d'actes sexuels (+107%).
La même année, sept femmes exerçant cette activité ont été tuées, selon le décompte de Jasmine, un programme de lutte contre les violences faites aux travailleurs et travailleuses du sexe de l'ONG Médecins du Monde.