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Val-d Oise

Un médecin généraliste condamné à huit ans de prison pour des viols sur plusieurs patientes

Photo d'illustration.

Photo d'illustration. - DAMIEN MEYER / AFP

La cour criminelle du Val-d'Oise a condamné, ce mercredi 15 octobre, un médecin généraliste à huit ans d'emprisonnement pour des viols et agressions sexuelles sur plusieurs patientes.

Alexandre Ip, ancien médecin généraliste d'Ermont (Val-d'Oise), a été condamné, ce mercredi 15 octobre, à huit ans de prison pour les viols et agressions sexuelles qu'il a commis sur des patientes, dont il a aussi reconnu avoir photographié les parties génitales "pour assouvir (s)es envies."

À l'issue de trois jours de procès, la cour criminelle a fondé sa décision au vu "des conséquences traumatiques indéniables" causées par ces crimes sur les jeunes victimes.

"La pente ascendante dans la gravité des infractions commises" a aussi motivé la justice à prononcer cette peine assortie d'une interdiction définitive d'exercer dans le secteur médical et paramédical.

Une plainte en 2020 déclenche l'affaire

Comme l'a relevé l'avocate générale en requérant 10 ans de prison mercredi matin, "il ne s'agit pas d'un acte isolé ou un moment d'égarement (...), on est sur une période de prévention de dix années".

L'affaire judiciaire débute quand une jeune femme de 20 ans porte plainte en mai 2020, sous le choc de ce qu'elle vient de vivre dans la promiscuité du cabinet médical du docteur Ip.

Ce jour-là, alors qu'elle est nue, à quatre pattes sur la table d'auscultation, Leïla (prénom d'emprunt choisi par la victime) surprend le praticien à lui photographier les parties génitales. Cela faisait plus d'un mois qu'elle le consultait, à raison de trois à quatre séances par semaine, désespérée de soulager sa maladie gastrique chronique.

À la cour, elle a raconté avec une profonde émotion les aiguilles d'acupuncture qu'Alexandre Ip lui enfonçait dans ses parties intimes, causant d'intenses douleurs qui la faisaient hurler. Dans la demi-heure qui suit la plainte de Leïla, le cabinet est placé sous scellé, le smartphone et le matériel informatique du médecin sont saisis. Des centaines de photos de femmes nues ou en sous-vêtements, ainsi que des gros plans de parties génitales féminines sont retrouvés dans le téléphone de l'accusé.

Les enquêteurs font alors le lien avec une précédente plainte déposée 10 ans plus tôt contre le médecin. Une jeune patiente avait dénoncé avoir similairement surpris le généraliste en train de prendre une photo de ses parties génitales. En 2010, cette plainte avait été classée sans suite.

Analysant le répertoire de la patientèle du généraliste, les enquêteurs ont recueilli les témoignages de viols et d'agressions de plusieurs femmes. Cinq portent plainte et se constituent parties civiles au procès.

À la barre mardi, l'accusé de 63 ans leur a maladroitement promis qu'il ne "ferait plus jamais ce genre de bêtises". Le président de la cour a estimé que les séances de massage, imposées aux patientes sous un prétexte de médecine traditionnelle chinoise, "ressemblent plus à des séances de torture".

Solidarité entre victimes

Conseil de Leïla, Me Serge Portelli a salué une décision "à la hauteur des faits terribles qui ont été commis par l'accusé". L'avocat a par ailleurs trouvé "très émouvant de voir ces jeunes femmes exprimer une solidarité" tout au long de l'audience, souvent éprouvante émotionnellement pour elles.

Elles ont unanimement refusé de témoigner à huis clos car le dossier était "plus large" que ce qui est reproché au docteur Ip, a fait valoir Me Portelli. Il rapporte que les plaignantes "voulaient que ça dépasse le cadre d'une salle d'audience en disant:  'On a envie que les médecins le sachent'".

Alexandre Ip, qui a reconnu l'intégralité des faits commis "a pleinement assumé sa culpabilité", a déclaré son avocate Me Sandy Corler, précisant qu'il ne fera pas appel de la décision.

"Il a eu la capacité, lors de cette audience, de formuler des excuses et des regrets sincères, et d'exprimer une honte authentique qui a su convaincre la cour criminelle", a-t-elle indiqué à la presse.

T.R.C. avec AFP