Une salariée accuse la RATP d’avoir voulu la licencier à cause de sa grossesse

L'affaire remonte à 2018. Marie, conductrice à la RATP, apprend qu'elle est enceinte de jumeaux. Une nouvelle qu'elle annonce alors à son employeur, qui s'empresse de la féliciter. Mais dix jours plus tard, la jeune femme reçoit un courrier lui annonçant que la RATP souhaite mettre fin à son contrat.
Sous le choc, Marie se décide à appeler son manager pour comprendre les raisons de ce brutal licenciement. Selon la conductrice, qui témoigne aujourd'hui auprès de BFM Paris, son supérieur lui aurait alors déclaré qu'une fin de contrat aurait été prononcée parce qu'elle avait "écrasé un cycliste". Un fait qu'elle conteste.
"Donc je lui ai dit: 'vous êtes en train de me dire que mes supérieurs m'ont suivie, m'ont vue écraser un être humain, qu'ils ne m'ont pas arrêtée?'", s'étonne la jeune femme.
Pour Marie, cela ne fait alors aucun de doute: la RATP tente de justifier son licenciement, qu'elle considère uniquement motivé par sa grossesse.
"Je ne mangeais plus, je ne dormais plus"
Dans les jours et les semaines qui suivent la réception de sa lettre de licenciement, Marie explique avoir été au plus mal.
"J'ai beaucoup pleuré, confie-t-elle. Pendant un certain temps je ne mangeais plus, je ne dormais plus, j'étais angoissée constamment parce que j'avais peur qu'on m'accuse de quelque chose que je n'ai pas fait et que la police vienne me chercher, qu'on invente des faux témoignages contre moi."
Très inquiète, Marie contacte alors l'inspection du travail, qui demande des explications à la RATP. La responsable de son dépôt aurait alors reconnu "une erreur de procédure". Cependant, cette même supérieure explique à l'inspection du travail que le manager de Marie "nie lui avoir parlé d'un quelconque accident par téléphone".
Dans un communiqué, la RATP dément également les accusations de la jeune femme et rappelle qu'elle "lutte contre toutes les formes de discriminations ou d'agissements sexistes au sein de l'entreprise".
Le licenciement annulé après une fausse-couche
Dans la foulée de l'annonce de son licenciement, Marie perd les jumeaux qu'elle attendait à cinq mois et demi de grossesse. "Pour moi les responsables, c'est la RATP. L'acharnement qu'ils ont eu contre moi dès lors que je leur ai annoncé ma grossesse est vraiment inhumain", lâche la conductrice. L'employée est même convoquée à son entretien de licenciement le jour des funérailles de ses enfants à naître.
C'est alors qu'un nouveau rebondissement survient. Après sa fausse-couche, Marie reçoit un autre courrier de la RATP, qui rétropédale.
"Au regard des éléments portés à notre connaissance nous informant d'une situation particulièrement douloureuse pour vous, nous avons décidé de ne pas donner suite à la procédure que nous avions engagée", écrit la régie des transports parisiens.
Une plainte déposée contre la RATP
Une situation totalement absurde aux yeux de la jeune femme. "Comme par magie, le 17 janvier, je n'avais plus écrasé personne!", s'offusque-t-elle, expliquant que ses supérieurs "ont détruit les soit-disant pièces qu'ils avaient sur ce fameux accident. Pour moi c'est un aveu de leur part, leur licenciement était motivé par ma grossesse et rien d'autre".
La RATP s'en défend, rappelant qu'à ce jour Marie fait toujours partie des effectifs de la RATP et est en arrêt maladie.
"Aujourd'hui j'essaye de vivre. Mais je survis, je vis pas", explique Marie
La conductrice a décidé de porter l'affaire devant les prud'hommes. Mais l'audience qui devait avoir lieu mardi dernier, le 1er septembre, a été reportée à la demande de la RATP.