Une marche des fiertés placée sous le signe de la lutte "contre l'internationale réactionnaire" à Paris

Des participants à la marche des fiertés LGBTQ+ à Paris, le 29 juin 2024. - OLYMPIA DE MAISMONT © 2019 AFP
Faire résonner jusqu'à Washington et Budapest des slogans dénonçant "l'internationale réactionnaire": la "marche des fiertés" annuelle de Paris pour la défense des droits des personnes LGBT a débuté samedi après-midi dans une tonalité très politique.
"Un contexte menaçant"
Si les chars bariolés, les maquillages et les tenues colorées rappellent le caractère jovial de ce défilé annuel, parti vers 14H30 de la rue de Rivoli vers Nation par une température caniculaire, les organisateurs avaient moins le coeur à la fête lors de leur prise de parole avant le départ.
"Nous sommes dans un contexte menaçant, politiquement terrible. Pour la première fois depuis des années nos droits sont réellement en danger", a affirmé au micro la présidente de SOS Homophobie, Julia Torlet, micro à la main près du musée du Louvre.
"Il est nécessaire de nous rassembler, tous, lesbiennes, queers, intersexe, trans, gay...", a-t-elle ajouté.
"Le danger est là. Une internationale réactionnaire arrive sous nos yeux, aux Etats unis, en Hongrie, en Italie, en Russie", a lancé le représentant de l'association Aides, mot d'ordre - "contre l'internationale réactionnaire" également repris sur la banderole de tête du cortège où figuraient de nombreux drapeaux et ballons arc-en-ciel.
Au-delà des thèmes retenus pour cette journée annuelle (migrants, personnes transgenres, santé), la marche parisienne a été rattrapée par des tensions liées au contexte international (déclarations de Donald Trump aux Etats-Unis, interdiction de la "Pride" à Budapest...).
Tensions liées aussi à une affiche jugée clivante par certains ou la venue annoncée mais dénoncée par les organisateurs d'un collectif identitaire, Eros, se présentant comme un organe de lutte "contre les dérives idéologiques woke et LGBT".
Un podium pour clôturer la marche
"Le contexte est difficile, car il y a une remontée de la transphobie au niveau international. On tente d'interdire la marche à Budapest, un collectif d'extrême droite tente de manifester avec nous à Paris", déplore ainsi auprès de l'AFP "Vivi" Strobel, porte-parole de l'association Bi'Cause.
Une quinzaine de membres du collectif Eros se sont rassemblés à l'écart du cortège, a constaté une journaliste de l'AFPTV. Quelques dizaines de forces de l'ordre les encadraient, empêchant tout contact avec les manifestants de la marche.
En Hongrie, la marche des fiertés de Budapest a été interdite par la police, mais elle se tient tout de même, également samedi. Ses organisateurs espèrent battre des records de mobilisation, avec 35.000 participants attendus, en défi au Premier ministre nationaliste Viktor Orban.
La marche parisienne organisée par l'Inter-LGBT, qui comprend une cinquantaine d'associations membres, se terminera par un podium, où se produiront des artistes pendant plusieurs heures.
Les marches des fiertés sont organisées localement par des associations partout en France, souvent en juin, en lien avec les émeutes de Stonewall, mobilisation fondatrice du mouvement LGBT+, qui ont éclaté dans la nuit du 27 au 28 juin 1969, à New York.