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TOUT COMPRENDRE. Maintenue malgré l'interdiction, menaces... La Pride de Budapest défie le gouvernement hongrois

Tout comprendre - une pancarte montrant Viktor Orbán maquillé pendant la Pride de Budapest en 2022

Tout comprendre - une pancarte montrant Viktor Orbán maquillé pendant la Pride de Budapest en 2022 - Ferenc ISZA / AFP

Le gouvernement hongrois a interdit la Marche des fiertés ce samedi 28 juin à Budapest, suscitant l'indignation d'une partie de l'Europe.

Pour ses trente ans, elle était annoncée comme "la plus grande Pride" depuis sa création en 1995. Mais le Premier ministre hongrois, le conservateur Viktor Orbán, a décidé de jouer les trouble-fête, en interdisant au printemps la Marche des fiertés qui doit se tenir ce samedi 28 juin à Budapest.

Pas de quoi décourager des milliers de participants, Hongrois et Européens, appuyés par le maire écologiste de Budapest Gergely Karacsony qui a décidé de maintenir la Pride malgré les menaces de représailles des autorités.

• Pourquoi le gouvernement hongrois interdit la Pride?

Le gouvernement hongrois, connu pour ses positions restreignant les droits des personnes LGBT+, a interdit la Pride de Budapest sur le principe d'une loi controversée, votée par le Parlement en 2021 - où Fidesz, le parti de Viktor Orbán jouit d'une large majorité.

Le texte interdit toute représentation publique des personnes LGBT+, la qualifiant de préjudiciable pour les mineurs en faisant "la promotion d'une identité de genre différente du sexe de naissance, le changement de sexe et l'homosexualité".

L'illibéral dirigeant Viktor Orbán entrave depuis des années les droits des personnes LGBT+ au nom de "la protection des enfants".

• Quelle réponse de la ville de Budapest?

Malgré cette interdiction, 35.000 personnes sont attendues dans les rues de la capitale hongroise samedi. Après l'interdiction de la Marche des fiertés, le maire écologiste de la ville Gergely Karacsony a décidé de la transformer en un événement organisé par la municipalité, qui ne nécessitait ainsi pas d'autorisation officielle.

"La liberté et l'amour ne peuvent être bannis", écrit sur les réseaux sociaux l'élu.

À la veille de la marche, Viktor Orbán a rejeté cet argument. "La réglementation hongroise est claire. Tout événement doit être enregistré et autorisé par la police" et "si quelqu'un enfreint la loi, il y aura des conséquences juridiques", a-t-il averti.

• Que risquent les participants?

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a écarté toute intervention des forces de l'ordre contre la Marche des fiertés maintenue à Budapest malgré les mesures d'interdiction, mais il a mis en garde les participants contre les conséquences légales.

"Bien sûr, la police pourrait disperser de tels événements, car elle en a le droit, mais la Hongrie est un pays civilisé", a déclaré le dirigeant dans sa traditionnelle interview du vendredi sur la radio d'État, assurant qu'elle n'userait "pas de violence physique".

Les participants de la Pride s'exposent à des amendes pouvant aller jusqu'à 500 euros, tandis qu'organiser ou appeler à y participer est passible d'un an de prison. À noter également que les forces de l'ordre peuvent recourir à des caméras de reconnaissance faciale pour identifier les participants.

• Quelles réactions en Europe?

L'interdiction de la Pride Budapest a suscité une vague d'indignation à l'échelle internationale. Le 27 mars dernier, les ambassadeurs de 22 pays, dont la France, l'Allemagne, l'Espagne ou le Royaume-Uni, ont exprimé leur inquiétude face à "restrictions au droit de réunion pacifique et à la liberté d'expression."

Lundi, une trentaine de pays d'Europe ont renouvelé leur soutien à la communauté LBGTI+ et une soixantaine d'eurodéputés fera le déplacement à Budapest samedi. Jeudi, la France a annoncé qu'elle enverrait son ambassadeur pour les droits des personnes LGBT+, Jean-Marc Berthon, pour "réaffirmer l'engagement de la France pour la liberté, la protection et les droits des personnes LGBT+ au sein de l'Union européenne", écrit-il sur X.

Sur le même réseau, Ursula von der Leyen appelait mercredi "les autorités hongroises à permettre à la Budapest Pride de se dérouler. Sans crainte de sanctions pénales ou administratives à l’encontre des organisateurs ou des participants."

Un argumentaire que Viktor Orbán a fustigé à la radio publique ce vendredi. "Elle traite la Hongrie comme un pays vassal et pense pouvoir dicter aux Hongrois depuis Bruxelles comment ils doivent vivre, (...) ce qui doit être interdit et ce qui ne doit pas l'être. Exactement comme (le dirigeant soviétique Léonid) Brejnev", a lancé le responsable nationaliste, qui compare souvent "l'empire bruxellois" à la tutelle de l'URSS endurée pendant des décennies par la Hongrie.

Lucie Valais avec AFP