Injures, cyberharcèlement, violences... Les actes anti-LGBT+ à nouveau en hausse en 2024

Un drapeau arc en ciel, symbole de la communauté LGBT+, brandi le 13 juin 2016 à Montpellier. - SYLVAIN THOMAS / AFP
Les infractions anti-LGBT+ enregistrées par les services de police et de gendarmerie ont augmenté de 5% en France en 2024, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur publiés ce jeudi 15 mai, à l'approche de la journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, prévue le 17 mai.
Au total, 4.800 infractions ont été enregistrées l'an passé, dont 3.100 crimes ou délits (+7% en un an) et 1.800 contraventions (+1%).
Cette progression annuelle reste toutefois moins importante que les années précédentes. Les infractions contre les lesbiennes, gays, bi et trans avaient augmenté de 15% en moyenne sur la période 2016-2023.
Un climat actuel "délétère"
Pour Julia Torlet, présidente de SOS Homophobie, le climat actuel est "délétère": les personnalités politiques multiplient les discours anti-LGBT+, ce qui "encourage les actes haineux" et leur "donne une légitimité". "Ces discours s'infusent dans la société et deviennent banals ce qui est dangereux", a-t-elle ajouté.
L'association a récolté l'an dernier 1.571 témoignages via ses dispositifs d'écoute et de soutien aux victimes (ligne téléphonique 01.48.06.42.41, chat, mail), selon son rapport publié jeudi soir. Un chiffre en baisse par rapport aux 2.085 témoignages de 2023.
Plus de la moitié de ces témoignages (55%) dénoncent de la gayphobie et 23% de la transphobie.
Les victimes de crimes et délits répertoriés par les autorités sont majoritairement des hommes (plus de 70% en 2024) et près de la moitié ont moins de 30 ans, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Les mis en cause sont aussi principalement des hommes (83%) et également des jeunes de moins de 30 ans.
Un tiers des infractions anti-LGBT+ enregistrées sont des injures ou diffamations, et 9% sont en lien avec le numérique.
"Explosion de propos anti-LGBT et de cyberharcèlement"
Les discours anti-LGBT+ des politiques "libèrent aussi la parole en ligne, on se retrouve avec une explosion de propos anti-LGBT et de cyberharcèlement" qui a notamment ciblé l'an dernier des personnalités, pointe Julia Torlet de SOS Homophobie.
Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, qui incluait un tableau mettant en scène des drag queens, a été pris pour cible, rappelle le rapport de l'association. Tout comme la DJ Barbara Butch, star de ce tableau.
Les violences physiques et les menaces représentent elles respectivement près de 20% des crimes ou délits enregistrés par les autorités.
Le recours au dépôt de plainte reste "extrêmement faible" (environ 4%) parmi les victimes d'actes anti-LGBT+, selon l'enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité du SSMSI.
L'agglomération parisienne et les autres communes de plus de 200.000 habitants concentrent 55% des actes anti-LGBT+, selon la publication du SSMSI.