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Paris Île-de-France

"Un parcours migratoire traumatique": au procès de la traite de mineurs isolés à Paris, la "misère" des prévenus et victimes

Le tribunal correctionnel de Paris, le 19 janvier 2011.

Le tribunal correctionnel de Paris, le 19 janvier 2011. - Loic VENANCE © 2019 AFP

Six ressortissants ont été condamnés à des peines allant de un à six ans de prison ferme, vendredi 12 janvier. Ils répondaient à des faits de "traite d'êtres humains aggravée".

Au procès de six ressortissants algériens, soupçonnés d'avoir rendu des mineurs isolés accros aux psychotropes afin de les pousser à voler près de la Tour Eiffel, les avocats de la défense ont juxtaposé vendredi deux misères, celle des adultes jugés et celle des enfants victimes.

Dans leurs plaidoiries, ils ont mentionné "la trajectoire commune" des victimes comme des prévenus. Le même "parcours migratoire traumatique", qui les a laissées "dans une situation de grande errance à l'arrivée en France".

Clothilde Humbert, avocate de Abderraouf S., a ainsi décrit la "survie au quotidien" dans les squats, "les problèmes d'électricité, de clés, de personnes" qui ressortent des conversations (sous écoute), la nécessité de payer le loyer et les difficultés d'une vie "aux prises avec des marchands de sommeil".

L'ensemble des prévenus, "marqués, abîmés par la rue", selon l'avocate Yasmine Ouaou, a reconnu "des choix dictés par la grande précarité", les trafics, les vols, voire des coups donnés à des mineurs au Trocadéro.

"Un système d'exploitation horizontal"

Des peines d'un à six ans de prison ferme, assorties d'amendes allant de 5.000 à 8.000 euros, ont finalement été prononcées ce vendredi 12 janvier à l'encontre des six ressortissants algériens, âgés de 23 à 39 ans, par le tribunal correctionnel de Paris, notamment pour traite d'êtres humains aggravée et trafic de stupéfiants.

Le tribunal a suivi les réquisitions de la procureure, estimant les faits d'une "extrême gravité" étant donné "les dommages portés à l'intégrité physique et psychique des jeunes". Le tribunal a estimé que si l'existence d'un réseau "hiérarchisé et structuré" n'était pas avérée, l'enquête avait bien permis de mettre en lumière "un système d'exploitation horizontal".

Des peines d'interdiction définitive du territoire français ont également été prononcées à l'encontre de cinq des prévenus, dont certains étaient sous le coup d'une obligation de quitter le sol français préalablement au procès.

Les six prévenus sont condamnés à verser solidairement 20.000 euros à chacun des douze mineurs constitués parties civiles en réparation des dommages subis.

Milan Busignies avec AFP