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Un homme interpellé après avoir menacé Karl Olive: le maire de Poissy craint qu'il arrive un jour "un drame"

Karl Olive, maire de Poissy, invité de BFMTV le 4 mai 2020.

Karl Olive, maire de Poissy, invité de BFMTV le 4 mai 2020. - BFMTV

Un homme qui souhaitait "égorger" le maire de la commune yvelinoise a été arrêté mercredi matin. L'édile a porté plainte.

"Malheureusement, un jour, il arrivera un drame, et on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas." C'est avec ce ton quelque peu fataliste que Karl Olive, maire divers droite de la commune yvelinoise de Poissy, est revenu ce vendredi sur les menaces de mort dont il a fait l'objet ces derniers jours.

"Je ne suis pas une exception qui, malheureusement, va confirmer la règle. Depuis 2016, nous sommes passés de 300 interpellations à 1300 aujourd'hui à l'endroit des maires et des élus", a-t-il déploré sur BFM Paris. L'épidémie de Covid-19 et les confinements successifs sont partiellement responsables du gonflement de ces chiffres, selon l'élu.

Dans la nuit du 30 novembre, vers 2h30, un homme suspecté d'avoir envoyé à l'élu des courriers injurieux ces derniers mois est localisé près de son domicile. Il frappe chez ses voisins et déclare "chercher le maire".

"Ce n'est pas la première fois"

Interloqués, ces derniers appellent la police. Mais les agents de la police municipale et nationale ne parviennent pas à retrouver la trace du suspect. Ils installent néanmoins un dispositif de sécurisation discret autour du domicile de Karl Olive.

Vers 7h20, l'homme est découvert en peignoir dans son véhicule, stationné en face de la mairie, sur un passage piéton. Un agent de surveillance de la voie publique lui demande de se déplacer et le reconnaît, son signalement ayant été transmis à l'hôtel de ville. Interpellé par les forces de l'ordre dans la foulée, le suspect leur déclare vouloir "égorger Karl Olive". Le maire de Poissy a déposé plainte jeudi.

"Ce qui m'interpelle quand même, c'est que ce n'est pas la première fois que ce même individu, il y a déjà un an et demi, avait proféré des menaces, en me menaçant de venir me flinguer, mettre ma cervelle sur la place de la République en achetant des armes chez les Frères musulmans. Il avait déjà été soigné", se souvient le maire, également visé par des menaces en mai dernier.

L'exposition engendrée par les réseaux sociaux

Connu pour des problèmes psychiatriques, le suspect avait en effet été hospitalisé. Il a été remis en liberté il y a quelques semaines, après avoir terminé ses soins. Il aurait dès lors commencé à renvoyer des courriers électroniques à l'édile, le menaçant de le "décapiter, lui et le préfet, en forêt.

Avec plus de 20.000 abonnés sur Twitter, Karl Olive utilise fréquemment ce canal comme moyen de communication direct avec ses administrés. Mais il se dit conscient d'être ainsi davantage exposé.

"Il m'apparaît très efficace de pouvoir montrer au quotidien les actions que les maires, quels qu'ils soient, de France font pour faciliter le quotidien de leurs administrés, développe-t-il. Le pendant de cela, c'est que vous êtes très accessible. Rapidement, on peut identifier l'endroit où vous évoluez. La personne en question (...) sait que je cours beaucoup dans la forêt domaniale. Pour autant, je ne regrette absolument pas cette manière de faire."

"Ne pas laisser passer cela"

Ce que regrette Karl Olive, cependant, c'est l'impact que peuvent engendrer les menaces sur son cercle proche. En 2015, "mon domicile a été surveillé jour et nuit, deux fois par jour, deux fois par nuit," y compris à l'intérieur, "par la police nationale". "Évidemment que ça nous met très mal à l'aise", reconnaît-il.

Et l'élu de poursuivre: "Pour eux, c'est dramatique. Pour ne rien vous cacher, je ne les avais pas prévenus de ce qui s'est passé avant-hier parce que je veux pouvoir protéger aussi ma famille".

Remerciant Emmanuel Macron, Valérie Pécresse et d'autres figures politiques du soutien qu'ils ont pu lui apporter, Karl Olive appelle "les élus à le faire savoir quand il y a ce genre d'accident pour ne pas que ça aille plus loin". Il insiste: "Il ne faut pas laisser passer cela. Vouloir atteindre un élu, c'est vouloir toucher nos concitoyens et c'est abîmer la République".

Florian Bouhot avec Raphaël Maillochon