"Un cauchemar": le théâtre parisien Les Déchargeurs baisse le rideau, les représentations annulées

Des heures de répétitions qui tombent à l'eau. Le 2 août dernier, Adrien Grassard, le directeur du théâtre parisien Les Déchargeurs, a annoncé devoir déposer le bilan en raison de nombreux problèmes financiers.
"Aujourd’hui, nous n’avons malheureusement plus la trésorerie nécessaire au fonctionnement de l’activité et ne sommes pas en mesure de renflouer les caisses", explique le jeune comédien de 25 ans, qui a repris l'activité 2021, dans un post Facebook.
"Nous avons ouvert des discussions pour trouver un repreneur et assurer les derniers frais de la société, ces dernières n’ont pu aboutir. Nous sommes dans l’obligation de déposer auprès du tribunal de commerce une déclaration de cessation de paiements dans les jours qui viennent", ajoute-t-il.
Toutes les représentations prévues de septembre à janvier dans cet établissement historique, situé à deux pas de Châtelet dans le 1er arrondissement, ne pourront donc pas se jouer.
"C'est un cauchemar"
Du côté des 13 salariés des Déchargeurs et de la quarantaine de compagnies concernées, c'est la douche froide. Ils se disent dévastés et abasourdis. Ariane Dumont-Lewi, autrice et metteuse en scène pour la compagnie "Bouquet de chardons", témoigne d'un "choc" et d'un "cauchemar".
"La direction du théâtre nous a annoncé par mail, de façon brutale, que le théâtre n'avait plus d'argent et qu'ils mettaient les clés sous la porte", explique-t-elle à BFM Paris Île-de-France.
"On compte sur ces représentations pour rencontrer le public, jouer, accomplir notre travail mais aussi parce que ce lieu est un lieu tremplin qui permet d'offrir une grande visibilité dans le milieu. Donc ne pas jouer ici, ça veut dire repousser de plusieurs mois, voire d'un an ou plus, la possibilité de rencontrer le public et les professionnels", regrette-t-elle.
Une pétition a été lancée par les compagnies concernées pour que la programmation de la saison 2023-2024 puisse avoir lieu comme prévu.
La mairie étudie "toutes les possibilités"
Surtout, les salariés regrettent d'avoir appris ce dépôt de bilan de manière "brutale". "Cette décision non concertée fragilise l'équipe en place qui est, qui plus est, en congés et dont les salaires du mois de juillet n'ont pas été versés et le seront que dans un grand délai", affirment les salariés dans une lettre ouverte.
Ils dénoncent un "manque de transparence, de communication et d’honnêteté dans cette situation" et le fait que "l'économie fragile du secteur théâtral sert aujourd'hui de prétexte à la direction pour cesser l'activité, jugée non-rentable après seulement deux ans d'ouverture au public, sans avoir au préalable essayé de redresser la situation financière et économique du théâtre".
"Les employés ont en toute transparence été informés du contexte économique délicat et ce à l’occasion de trois réunions", se défend Adrien Grassard.
Alain Weil, maire de Paris centre, affirme de son côté regretter la décision de la direction du théâtre. "Nous avions pourtant assuré la poursuite de l’activité auprès du promoteur privé. Avec l’Etat er la loi, nous ferons tout pour soutenir les employés et les troupes programmées", écrit-t-il sur X (anciennement Twitter).
Aurélie Filippetti, directrice de la culture à Paris, a quant à elle indiqué que la municipalité étudie "toutes les possibilités pour aider le théâtre".