"Tu vas effacer tous les témoins d'alerte": deux machinistes de la RATP témoignent de fraudes au contrôle technique

DOCUMENT BFM Paris Île-de-France. La RATP est accusée de falsifier les contrôles techniques de ses bus. Si l'entreprise "réfute vigoureusement", plusieurs conducteurs attestent de ces manoeuvres frauduleuses. Parmi eux, un témoignage anonyme qu'a recueilli BFM Paris Île-de-France.

"Tu vas effacer tous les témoins d'alerte du tableau de bord." Alors que la RATP est accusée de fraudes pour réussir les contrôles techniques de ses bus, BFM Paris Île-de-France a pu recueillir deux témoignages de machinistes de la RATP qui assurent avoir été contraints de falsifier leurs contrôles techniques.

Une enquête de nos confrères du Parisien publiée ce mercredi 21 août révèle notamment que la société de transport se livrerait à des manoeuvres frauduleuses et récurrentes aux contrôles techniques.

Des chauffeurs de bus expliquent être poussés à supprimer les voyants d'alerte avant les contrôles pour éviter l'immobilisation des bus. Une immobilisation qui peut freiner la rotation des transports, et exposer la société à des pénalités.

Or, un voyant allumé lors du contrôle technique rend la contre-visite du bus obligatoire. Interrogés par BFM Paris Ile-de-France, les deux machinistes, qui ont souhaité rester anonymes, corroborent les témoignages de leurs collègues au Parisien.

"Tous les bus sont morts"

L'un d'entre eux raconte notamment l'un de ses contrôles techniques. Il explique avoir informé son régulateur dans le cadre d'une vérification de sécurité. Je lui ai fait part "des témoins d'alerte qu'il y avait sur le [tableau de bord du ] bus."

"Suite à ça le régulateur me dit de sortir. Et le responsable d'atelier vient me voir. Il me dit; "Écoute, les bus sont morts. Tu vas effacer tous les témoins d'alerte présents sur le tableau de bord du bus afin que ceux-ci passent le contrôle technique, sinon, ils ne pourront jamais passer favorables."

Un autre témoin assure à BFM Paris Île-de-France qu'une enquête de la CSSCT (la commission santé, sécurité et conditions de travail) établit que "70% des véhicules étaient non-conformes à la sortie".

Dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi 21 au jeudi 22 août, la RATP "réfute vigoureusement toutes allégations remettant en cause la sécurité des passagers de ses bus", dont elle assure fair "une priorité absolue".

Garant du bon état d'un véhicule, le contrôle technique est un passage obligé pour toutes les voitures et transports publics. Les plus de 5.000 bus d'Île-de-France doivent s'y soumettre tous les six mois.

Constance Bostoen avec Perla Msika