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Trafic de drogue: 12 ans de prison pour le gérant d'un point de deal à Saint-Ouen

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION).

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Thomas SAMSON / AFP

Au total, 29 prévenus ont été condamnés ce vendredi pour avoir participé à ce trafic de drogue pendant plusieurs années. Les peines vont de six mois avec sursis à 12 ans de prison.

Un homme de 31 ans à la tête d'un rentable point de deal à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, a été condamné vendredi à 12 ans de prison à Bobigny après le démantèlement en 2021 de ce gros point de vente pour lequel 32 personnes étaient jugées.

A l'issue d'un mois de procès, le tribunal correctionnel de Bobigny a prononcé des peines allant de six mois avec sursis à 12 ans de prison pour les 29 prévenus impliqués dans ce trafic de drogue où chacun avait un rôle et des tâches définies. Trois propriétaires de bar tabac ont été relaxés.

Des appartements, des voitures et une société au Panama

Selon le procureur Edouard Le Boulanger, l'enquête avait mis au jour "la version la plus aboutie du trafic de cité". Et il avait requis 15 ans de prison et cinq millions d'euros d'amende à l'encontre de M. S, désigné comme le "propriétaire" du point de deal.

Aussi appelé "Marlo", en référence à Marlo Stanfield, l'impitoyable gangster de la série américaine "The Wire", ce dernier devra également s'acquitter d' un million d'euros d'amende.

Son grand frère, en fuite au Maroc, a été condamné à 10 ans de prison assortis d'une période de sûreté aux deux-tiers et d'une amende de cinq millions d'euros. Ce dernier avait organisé le blanchiment de l'argent du trafic "en créant de nombreuses sociétés qui étaient revendues en utilisant les comptes de sa compagne". Le couple possédait des appartements, des voitures et une société immatriculée au Panama. Une partie des biens a été confisquée par la justice.

Près de 15 ans

Le bras droit de la fratrie, D. M, un Arménien de 27 ans qui assurait la sécurité des opérations sur le terrain, a été condamné à 10 ans de prison, 300.000 euros d'amende et une interdiction de territoire. "Une peine difficilement compréhensible", a estimé son avocat Me Nicolas Salomon. "Des peines dignes des assises et pas en accord avec la jurisprudence", selon l'avocat qui a indiqué faire appel.

Pour Me Salomon, "on a voulu faire un exemple, faire passer un message aux autres trafiquants". "Ce n'est pas en prononçant des peines disproportionnées qu'on va enrayer le trafic !"

Situé au 86 et 92 avenue de Michelet à Saint-Ouen, le point de deal proposait du cannabis et de la cocaïne pendant une quinzaine d'années. Une vaste opération policière a abouti en janvier 2021 à l'"assèchement" de ce lieu de vente considéré comme l'un des plus importants de Seine-Saint-Denis.

L'enquête a mis en lumière une structure organisée telle une PME où chacun a un rôle et des tâches définies: tenir les comptes, réapprovisionner la drogue dans le point de deal ou bien faire de la promotion sur les réseaux sociaux. Le chiffre d'affaires mensuel était estimé à 1,4 million d'euros.

Tous les "lieutenants" incarcérés

La drogue était stockée et conditionnée dans un appartement au sein même de l'immeuble HLM où se déroulait le trafic. Pour leur participation, les trois "nourrices" (qui acceptaient que la drogue soit stockée à leur domicile) ont été condamnées à de peines allant jusqu'à 18 mois de prison avec sursis et des amendes.

Les "lieutenants", tous incarcérés, ont été punis de cinq ans d'emprisonnement et jusqu'à 150.000 euros d'amende. L'un d'eux a vivement contesté sa condamnation, avec vulgarité.

Lors de son réquisitoire, le procureur avait rappelé "les vies compliquées et gâchées" à cause des trafiquants, qu'il a notamment accusés de "spéculer sur la pauvreté du département" pour recruter de jeunes guetteurs.

En face des futurs locaux de la DGSI

Dans ce procès, une locataire de l'immeuble HLM du point de deal et la Semiso, le bailleur social de la ville de Saint-Ouen, s'étaient constituées partie civile. Sollicités par l'AFP, leurs conseils n'ont pas souhaité s'exprimer.

Depuis un an, ce commerce de stupéfiants situé en face des futurs locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), est "asséché", assure une source policière. Les fonctionnaires de police ont eu pour consigne d'y faire "le ménage". A l'horizon 2028, 2.500 agents du renseignement français vont s'installer à Saint-Ouen.

B.R. avec AFP