“Tout ça n'est pas très sain": avant les législatives, les Sarcellois divisés entre abstention et vote contestataire

Sarcelles, l'exemple d'un paysage politique polarisé? Dans cette ville de près de 60.000 habitants, l'abstention atteint des taux importants et les votants ont majoritairement effectué un vote contestataire lors des dernières élections européennes.
Plus de six Sarcellois sur dix ne se sont pas déplacés jusqu'à leur bureau de vote le 9 juin dernier, le taux d'abstention ayant atteint les 63,45%, contre 47,2% au niveau national. Ils étaient ainsi à peine plus de 10.000 à glisser un bulletin dans l'urne et plus de la moitié d'entre eux ont choisi celui de LFI (37,89%) ou du RN (20,66%).
Plus de 70% d'électeurs contestataires
La liste Reconquête de Marion Maréchal a quant à elle recueilli 11,72% des votes. Bien devant Raphaël Glucksmann (PS), à la quatrième place (6,99%). Plus de 70% des électeurs ont donc voté pour un parti radical dans la commune du Val-d'Oise. Et le total des suffrages récoltés par l'extrême droite atteint les 30%.
Pour comparaison, lors des Européennes de 2019, Nathalie Loiseau, candidate de La République en Marche, obtenait 19,24% du scrutin, arrivant derrière Jordan Bardella, à une trentaine de voix près. De 2019 à 2024, Manon Aubry a quant à elle gagner 3.000 voix.
Selon un habitant de Sarcelles qui a décidé de glisser un bulletin Jordan Bardella dans l'urne, "il n'y a que lui qui peut faire avancer les choses aujourd'hui. Je suis de religion juive, il n'y a que lui qui peut nous sauver en ce moment".
Lors de l'élection présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon avait réalisé un score très important dans la commune, en récoltant les voix de près de 50% des votants. Au second tour, les Sarcellois avaient barré la route à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, largement battue malgré un recul de la participation.
"Il n'y a pas une étincelle d'espoir"
La dernière échéance démocratique prouve que les électeurs de Sarcelles se tournent progressivement vers un vote majoritairement contestataire. "Les gens se sont énervés aux européennes... Que ce soit aussi polarisé, ça ne m'étonne pas", remarque une habitante.
"Quand vous avez un pays qui tourne mal... Les gens veulent qu'on s'occupe d'eux et ils votent aux extrêmes, puisqu'au milieu ça n'a pas bougé", poursuit un autre riverain.
Abdullah fait partie des électeurs désabusés qui ne sont pas allés voter. "Il n'y a pas une étincelle d'espoir qui va nous motiver à voter une personne ou un parti", explique-t-il.
Patrick Haddad, maire PS de Sarcelles, refuse de voir ces votes contestataires ou l'abstention comme seuls horizons politiques pour sa commune. "Au niveau national, on est à la croisée des chemins. Tout ça n'est pas très sain", assure-t-il. Selon lui, la "meilleure des choses" serait de revenir peu à peu à un "clivage droite/gauche".