BFMTV
Paris Île-de-France

Suresnes: le personnel d'un Ehpad Orpea en grève

placeholder video
À Suresnes, les membres du personnel d'un Ehpad Orpea, entreprise visée par plusieurs enquêtes, sont en grève. Ils dénoncent des conditions de travail délétères.

La gronde après le scandale dans les Ehpad du groupe Orpea n'est pas finie. La quasi totalité des salariés de l'Ehpad des Vignes, à Suresnes dans les Hauts-de-Seine, est en grève depuis minuit ce jeudi. Ils souhaitent alerter sur leurs conditions de travail qui se dégradent, selon eux. Ils expliquent ne plus pouvoir s'occuper de leurs résidents correctement.

Ce mouvement fait suite à la publication du livre-enquête "Les Fossoyeurs", publié fin janvier. Le journaliste indépendant Victor Castanet, décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" pour améliorer la rentabilité d'Orpea, alors que les séjours sont facturés au prix fort.

Des résidents pas habillés, des chambres sales...

Une dizaine de familles, qui constatent eux aussi ces manquements, soutiennent les membres du personnel de l'Ehpad des Vignes. C'est le cas de Gilles. Sa mère réside dans une des chambre du bâtiment qui coûte environ 5000 euros par mois. Mais les prestations sont loin d’être haut-de-gamme.

"Les chambres ne sont pas faites, pas propres. Les changes n'ont pas été fait. Le résident pas habillé, encore en pyjama à 16 heures", se désole Gilles Gautrois.

Un traitement que dénonce Stéphanie. Elle a autrefois fait partie du personnel soignant de cette résidence et selon elle, ce n’est que la conséquence de conditions de travail délétère.

"Quand ça va, il y a une infirmière. Mais il y a une infirmière pour 96 résidents", dénonce l'ancienne salariée. "On a des manquements aussi de matériels. On a travaillé parfois sans aucune protection, pas de gants jetables".

La peur d'être limogé

L'ancienne salariée explique qu'une nouvelle directrice est arrivée dans l'établissement début février. Orpea a annoncé le limogeage de son directeur général Yves Le Masne fin janvier. Depuis, le groupe serait en train de "faire le ménage" dans ses établissements avant de prochains contrôles, selon Victor Castanet, auditionné à l'Assemblée nationale le 9 février.

Stéphanie a préféré témoigner au micro de BFMTV à visage caché car elle craint des conséquences sur sa carrière. Et elle n’est pas la seule, quasiment tous les salariés de cet Ephad sont en grève à partir de ce jeudi pour dénoncer cette situation et aucun n’a souhaité nous répondre.

"Si on lève un peu la voix pour parler de nos conditions et quelque part aussi de la prise en charge des résidents, je crois qu'on est pénalisé", explique Malika Belarbi, secrétaire régionale CGT des Hauts-de-Seine.

Depuis minuit, une vingtaine de salariés exercent leur droit de grève. Mais un service minimum devrait être assuré par des remplaçants.

Sarah Durand, Blandine D'alena et Alicia Foricher