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Seine-Saint-Denis

Le club de Bobigny, un tremplin pour de nombreux joueuses du XV de France féminin

Le 1er février 2025, l'équipe féminine de rugby de Bobigny remporte la finale du championnat de France.

Le 1er février 2025, l'équipe féminine de rugby de Bobigny remporte la finale du championnat de France. - Photo par DAMIEN KILANI / DK Prod / DPPI via AFP

Pour se maintenir en première division, le club de Seine-Saint-Denis doit continuer de dénicher des talents alors qu'il a propulsé de nombreuses joueuses vers la sélection. Mais en raison de sa "géolocalisation moins vendeuse", ses meilleurs éléments ne restent pas.

Club atypique dans le monde du rugby, Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui évolue en première division féminine, a été le tremplin de nombre de joueuses désormais dans le XV de France mais doit continuer de dénicher des talents pour se maintenir au plus haut niveau.

Madoussou Fall-Raclot, Joanna Grisez, Seraphine Okemba, Yllana Brosseau, Khoudedia Cissokho... si aucune joueuse de l'effectif actuel Bobigny ne figure dans le groupe des 32 joueuses du XV de France pour le Mondial en Angleterre, nombreuses sont celles qui y ont fait leurs premières armes et y sont encore très liés.

"C'est une grande fierté d'avoir joué à Bobigny. Même si c'est un club que j'ai quitté, ça reste toujours dans mon cœur. C'est aussi grâce au passage dans ce club que je suis la joueuse que je suis aujourd'hui", assure à l'AFP la troisième ligne Khoudedia Cissokho, qui a évolué plusieurs années à Bobigny après une première expérience de rugby à Sarcelles avant d'être désormais au Stade bordelais.

"C'est mon club de cœur, et ça restera mon club de cœur. Tout ce que Bobigny fait, je le suis", raconte aussi Madoussou Fall-Raclot, également au Stade bordelais cette saison.

Le club de Seine-Saint-Denis a tout de même été représenté en Angleterre, avec l'Espagnole Lourdes Alameda et la Brésilienne Tais Prioste.

"Les filles (...) sont très attachées au club pour ce qu'il représente au niveau local, de la ville, du lien avec toutes les actions sociales qu'on peut mener, dans les quartiers prioritaires de la ville, les centres de loisirs...", décrit la manageuse et directrice sportive du club Clémence Gueucier. Madoussou Fall-Raclot a déjà entraîné dans les équipes jeunes à Bobigny.

Les Louves, dernières représentantes de l'Île-de-France

Club phare de rugby féminin depuis des années, Bobigny est pour l'instant parvenu à se maintenir dans une élite toujours plus resserrée et où les équipes adossées de manière directe ou indirecte à des clubs de première division masculine sont désormais majoritaires (sept sur dix).

Avec la descente du Stade français en 2024, les Louves sont également les dernières représentantes de l'Ile-de-France dans l'Elite 1, avec une sixième place en 2024-2025. Les joueuses ont remporté le championnat de France à VII organisé par la Ligue nationale de rugby en début d'année et ont gagné l'étape de Pau cet été.

Le club a toutefois du mal à garder ses meilleurs éléments, la faute selon Clémence Gueucier a une "géolocalisation moins vendeuse" que d'autres clubs, comme Bordeaux, Toulon et du déficit d'image car n'étant lié à un club du Top 14.

"Je pense qu'on est plutôt solides sur l'accompagnement des joueuses. Parfois, l'envie d'ailleurs et l'émancipation et le fait aussi d'être rattachée à un club pro fait briller un petit peu, des fois", poursuit-elle.

Un important réservoir de joueuses

Bobigny peut en revanche compter sur un important réservoir de joueuses, pour lequel la concurrence des autres sports est moins intense que chez les garçons, à condition de bien dialoguer avec les familles. "Des fois, elles n'ont pas du tout une vision de ce qu'est le rugby et elles ne se projettent pas du tout dans ce sport-là, par méconnaissance", explique Clémence Gueucier.

"Le 93 était un département qui se structurait autour du rugby parce qu'ils avaient compris qu'il y avait un gros noyau de joueuses. En universitaire ou à l'école il y avait beaucoup d'entraîneurs passionnés qui avaient compris que dès le collège il y avait un gros vivier", se souvient auprès de l'AFP Joanna Grisez, internationale à VII et à XV qui a débuté le rugby à Bobigny pendant ses études.

Aujourd'hui, le travail se fait essentiellement dans les écoles primaires, qui permettent un premier contact avec le rugby, avant d'espérer revoir les petites filles dans des clubs ensuite.

A.C. avec AFP