Le maire de Stains accusé d'agression sexuelle et de harcèlement par un ancien collaborateur

Une enquête préliminaire a été ouverte début avril à l'encontre du maire de Stains, Azzédine Taïbi, après la plainte de l'un de ses anciens collaborateurs, a appris BFM Paris Île-de-France auprès du parquet de Bobigny, confirmant une information du Parisien.
Dans sa plainte datée du 27 mars dernier, que BFM Paris Île-de-France a pu consulter, le plaignant accuse le maire de Stains d'agression sexuelle et de harcèlement. Les faits se seraient produits entre le 22 juillet et le 8 décembre 2022.
Une séance de hammam
C'est au mois de juillet 2022 que la directrice de cabinet contacte le jeune homme pour lui proposer de travailler en collaboration avec Azzédine Taïbi. Il accepte le poste "avec beaucoup de fierté", explique-t-il. Néanmoins, dès son arrivée à Stains, il dénonce un comportement anormal de l'élu.
"Il m'a expliqué que Stains était une ville compliquée, et que lui et ses élus étaient stressés, de fait, une fois par mois, ils organisaient une séance de hammam."
Alors, le 22 juillet, vers 18 heures, l'élu convie l'homme de 27 ans à le rejoindre pour une séance de hammam. "Soucieux de m'intégrer, j'y suis allé", explique-t-il dans sa plainte. "Azzédine est passé me récupérer avec son véhicule et m'a emmené non pas à Stains, mais aux 'Cent Ciels' à Boulogne-Billancourt."
L'endroit est vide à l'exception des deux hommes. Selon le plaignant, Azzédine Taïbi aurait expliqué qu'il fallait s'enduire le corps de savon noir et aurait insisté pour aider le jeune homme. Ce dernier a refusé et explique que l'édile semblait alors vexé.
D'autres conversations pendant la séance de hammam ont été rapportées par le jeune homme. L'élu lui aurait par exemple dit de ne pas faire "la bêtise de perdre trop de poids, tu as quand même de belles fesses".
Le plaignant explique avoir clairement signifié son embarras. Après quelques minutes, l'élu aurait recommencé: "Tu peux m'en mettre [du savon] au moins sur le dos". Le plaignant s'exécute, le maire lui aurait dit "tu peux aussi m'en mettre sur le sexe". La victime présumée refuse et la séance de hammam tourne court.
Des visites surprise dans sa chambre
Aux policiers, l'ancien collaborateur explique également que l'élu se serait, selon ses dires, permis quelques petites visites surprise en septembre à son retour de congés, grâce à un double des clés.
"Un matin à 7 heures, je dormais et un bruit m'a réveillé, comme si quelqu'un marchait sur le parquet. J'ai ouvert les yeux, j'ai vu une silhouette et là Azzedine était assis sur mon lit. Il me regardait, ne parlait pas. J'ai fait un bond, j'ai eu très peur. Je lui ai demandé ce qu'il faisait là, il m'a répondu 'fais comme si je n'étais pas là, c'était juste pour te dire que je t'ai ramené les croissants'."
Selon le jeune homme, la même scène s'est répétée "une dizaine de fois", en prétextant "des excuses bidons" à chaque visite. "C'était toujours le matin, au moment où je ne m'y attendais pas."
L'élu "avait sa main gauche entre mes jambes"
Le collaborateur dénonce aussi une autre agression sexuelle. En octobre, ils partent à deux au séminaire des élus de la majorité à Villiers-sur-Loire. "Je me suis endormi sur le siège côté passager, Azzedine conduisait", commence-t-il.
Arrivé à la moitié du trajet, le plaignant raconte que l'élu "avait sa main gauche entre mes jambes, au niveau de mon sexe, il faisait des mouvements appuyés de va-et-vient. Je me suis retrouvé tétanisé, incapable d'ouvrir les yeux, ça n'a pas duré longtemps."
Le jeune homme se serait alors renfermé sur lui-même pendant un mois. La directrice de cabinet le convoque pour savoir ce qui ne va pas, il lui confie avoir été victime d'une agression sexuelle, sans citer l'auteur présumé.
Pour l'ancien collaborateur, c'est une descente aux enfers. "Je me suis enfermé dans une spirale infernale, mon médecin généraliste m'a prescrit un arrêt maladie le 10 janvier, doublé d'un traitement anxiolytique."
"Je me suis mis à boire de l'alcool de manière chronique histoire d'échapper à cette réalité, je fumais entre 90 et 120 cigarettes par jour".
Si l'homme ne dénonce ces faits que maintenant, c'est qu'il "était dans le déni", explique-t-il aux enquêteurs. "Je m'accrochais à ce poste, que j'avais obtenu au prix de beaucoup de sacrifices. Il y avait la crainte de me retrouver dans une galère financière [...] et par dessus tout, j'avais de l'admiration pour Azzedine."
Contacté par BFM Paris Île-de-France, l'avocat du maire de Stains a refusé de communiquer "sur les propos d'un affabulateur professionnel": "le maire conteste totalement ces accusations et une plainte va être déposée en diffamation." Les investigations ont quant à elles été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).