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Paris Île-de-France

Seine-Saint-Denis: des militants écologistes en colère après la destruction de la bergerie de Bagnolet

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La cinquantaine d'arbres que contenait cet îlot de fraîcheur a été abattue à l'aube, ce vendredi. Le terrain doit laisser place à un complexe, incluant notamment une grande école.

Le visage verdoyant qu'arborait encore cet été la bergerie des Malassis, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), semble bien loin ce vendredi. À l'aube, une tractopelle a fait irruption sur le terrain sous l'œil médusé de militants associatifs et a abattu une cinquantaine d'arbres fruitiers et d'arbustes. Les animaux, eux, avaient été déplacés dans un enclos installé à environ 300 mètres de là il y a quelques jours.

"Tout était fini en moins d'une heure"

"On n'a rien eu le temps de faire. Tout était fini en moins d'une heure", se désespère une militante présente sur les lieux tôt dans la matinée. Quand le jour s'est levé, elle est revenue contempler ce qu'elle considère comme un désastre à travers des grilles rouge et verte, sur lesquelles est accroché un panneau de chantier appartenant à la société Point P. On devine dessus le dessin d'une tête-de-mort, accompagné de la mention "La honte!" gravée au marqueur.

"On détruit des espaces où il y a toute cette biodiversité qui nous apporte des bienfaits", fait valoir une autre militante à ses côtés. Cette dernière s'inquiète notamment pour les hérissons ou encore les chauves-souris, qui "nous protègent aussi de la diffusion des maladies des moustiques. Une seule chauve-souris mange en une heure 1000 moustiques".

Selon les militants, un référé-constat a été déposé au tribunal administratif de Montreuil, afin que soit menée une expertise des espèces protégées qui seraient présentes sur le terrain.

17 mètres de haut et 10 classes

Les 2500 m2 jusqu'alors dédiés à la bergerie, véritable îlot de fraîcheur situé non loin du boulevard périphérique, seront bientôt occupés par un grand complexe. Celui-ci sera composé d'une école haute de 17 mètres, comportant 10 classes, vouée à remplacer l'existante. À ses côtés doivent être bâtis un centre de loisirs, une nouvelle crèche et un relais d'assistantes maternelles.

Un projet adopté en 2018, synonyme de bétonisation pour ses pourfendeurs. Alexis Corbière, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, pointe un défaut de concertation.

Le complexe qui doit remplacer la bergerie de Bagnolet.
Le complexe qui doit remplacer la bergerie de Bagnolet. © DR

"Il y avait un contre-projet"

"Il y avait un contre-projet, rappelle l'élu. (...) D'autres choses étaient faisables, qui ne détruisaient pas nécessairement la bergerie. Venir tout casser, c'est une manière d'envoyer tout le monde promener."

Contactée par BFM Paris-Ile-de-France, la mairie de Bagnolet avance que le complexe a toute sa place dans le quartier, celui-ci étant carencé en équipements publics. Elle promet également que la bergerie sera maintenue en contact direct avec l'école. Et si des arbres ont été abattus, d'autres seront replantés ailleurs, promet l'édile, Tony Di Martino, à Libération.

Si les travaux avancent au train espéré, la nouvelle école de la Pêche d'or devrait ouvrir ses portes en 2024.

Nicolas Dumas avec Florian Bouhot