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Paris Île-de-France

Sciences Po: Mathias Vicherat de retour après des accusations de violences conjugales, des campus bloqués

Le directeur de Sciences Po, Mathias Vicherat, lors d'une conférence avec le président du Conseil européen, à Paris, le 28 mars 2022

Le directeur de Sciences Po, Mathias Vicherat, lors d'une conférence avec le président du Conseil européen, à Paris, le 28 mars 2022 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Mathias Vicherat et son ex-compagne Anissa Bonnefont, qui s'accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placés en garde à vue le 3 décembre avant d'être remis en liberté.

Des étudiants bloquent lundi matin Sciences Po Paris, ainsi que des campus en France, pour protester contre le retour et demander la démission de son directeur Mathias Vicherat, entendu en décembre par la police dans une enquête pour violences conjugales.

"Deux sites de Sciences Po Paris sont bloqués par une cinquantaine d'élèves, sur un total de 9.000 élèves", a indiqué à l'AFP la direction de l'établissement, selon qui les campus de "Reims, Nancy, Poitiers, Le Havre sont également bloqués". Mais la direction affirme que "les cours sont tout de même assurés en distanciel".

Devant l'entrée du principal bâtiment de Sciences Po Paris, au 27 rue Saint Guillaume dans le VIIe arrondissement, poubelles, barrières, vélos et palettes ont été entassés par une trentaine d'étudiants présents, a constaté l'AFP.

Sur les murs du bâtiment, des affiches sur lesquelles on pouvait lire "Vicherat démission" ont été collées. Sur une banderole était inscrit: "Professeurs protégés, victimes délaissées", ou encore "Sciences Po, paradis de l'impunité".

"On est ici pour protester contre la fin de la période de retrait du directeur qui n'aura duré que le temps des vacances", a regretté Inês Fontenelle, de l'Union étudiante.

"Une insulte aux victimes"

Mathias Vicherat et son ex-compagne Anissa Bonnefont, qui s'accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placés en garde à vue le 3 décembre avant d'être remis en liberté le lendemain. Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Paris. Le directeur avait proposé de se mettre en retrait le 11 décembre.

Dans un mail, ce lundi 29 janvier, Mathias Vicherat a déclaré: "Avec gravité, je mesure que la confiance a pu être entamée, distendue. Je sais aussi que celle-ci ne se décrète pas mais qu’elle se bâtit dans la durée." Affirmant que sa mise en retrait provisoire "m’a permis aussi de réfléchir à ce qu’avait traversé Sciences-Po et à ce que je pourrais approfondir ou modifier dans ma façon de travailler avec vous".

Les étudiants effectuaient lundi leur rentrée après une période d'examens et de vacances.

"On espère que Mathias Vicherat prendra ses responsabilités et démissionnera afin de restaurer un climat de confiance avec les étudiants qui est rompu", a ajouté l'étudiante.

Un peu plus loin, une étudiante en Master recherche en sociologie, qui n'a pas souhaité donner son identité, estime que "ce retour est une insulte aux victimes de violences sexistes et sexuelles, au personnel de Sciences Po et à sa communauté étudiante".

Peu après son arrivée à la tête de Science Po fin 2021, son directeur avait décrété comme "priorité absolue" la lutte contre ces violences. Un conseil de l'institut exceptionnel est prévu mardi midi, ainsi qu'un conseil d'administration exceptionnel mercredi après-midi, selon des sources concordantes.

H.D. avec AFP