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Paris Île-de-France

Quand le conseiller de Paris soupçonné de trafic de stupéfiants alertait sur les drogues de synthèse

Le conseiller de Paris avait pris la parole lors d'un conseil d'arrondissement pour fustiger la politique de la ville concernant la lutte contre la consommation et le trafic de stupéfiants.

Le conseiller de Paris avait pris la parole lors d'un conseil d'arrondissement pour fustiger la politique de la ville concernant la lutte contre la consommation et le trafic de stupéfiants. - Nicolas Jeanneté/Twitter

Le conseiller de Paris avait à plusieurs reprises pointé du doigt la politique de la ville concernant la lutte contre la consommation de stupéfiants.

Il avait pointé du doigt la politique de la ville concernant la lutte contre les stupéfiants. Nicolas Jeanneté, conseiller du groupe "Changer Paris" délégué auprès du maire du 15e arrondissement à la sécurité, a été placé en garde à vue en début de semaine dans le cadre d'une enquête pour trafic de stupéfiants, a appris mardi BFM Paris-Île-de-France, confirmant une information du Parisien.

Le conseiller de Paris, également à la tête du parti "Les Centristes", est notamment soupçonné d'avoir acheté et vendu des drogues de synthèse, appelé 3MMC, ont révélé nos confrères. Des drogues notamment consommées dans le cadre de soirées "chemsex", pratique mise en lumière dans l'affaire Palmade et qui consiste à avoir des rapports sexuels sous l'emprise de produits psychoactifs.

"Un phénomène très préoccupant"

Une procédure judiciaire bien loin des récentes déclarations de l'élu, qui a pris à plusieurs reprises la parole sur le sujet de la lutte contre les stupéfiants. Lors du Conseil de Paris en novembre 2022, Nicolas Jeanneté avait appelé le groupe "Changer Paris" à voter des subventions concernant les actions de prévention liées aux stupéfiants. Il avait notamment alerté sur le "phénomène très préoccupant" de la consommation grandissante de ce type de drogues de synthèse, en particulier le 3-MMC.

"Elle devient plus importante, et est pratiquée de plus en plus dans les clubs, à titre personnel, parce qu'elle est beaucoup moins chère que la cocaïne, entre 15 et 40 euros le gramme, alors que la cocaïne est un peu plus chère", avait-il déclaré lors des délibérations.

L'élu avait également alerté sur la facilité de se procurer ce type de stupéfiants. "Le produit utilisé (...) s'achète en quelques heures via des sites de rencontre, ou Snapchat, et que l'on peut se faire livrer ce genre de produits directement à la maison. Sinon, en 48 heures via des transporteurs comme DHL."

L'une des accusations aujourd'hui retenues contre Nicolas Jeanneté est justement de s'être fait livrer ce type de drogues de synthèse, et de les avoir revendues lors de soirées "chemsex".

"La drogue, c'est de la merde"

L'élu parisien avait réitéré il y a quelques jours le besoin de politique de lutte contre la consommation et le trafic de stupéfiants, lors du conseil du 15e arrondissement, le 6 mars dernier.

"Je veux pointer l’absence totale de politique de prévention et de lutte contre la toxicomanie de la ville de Paris", avait-il dénoncé lors d'une délibération concernant le vote de subventions pour 18 structures dédiées à l'insertion des personnes en grande exclusion sociale.

Il avait même relayé sur les réseaux sociaux l'intervention durant laquelle il fustige la politique de la municipalité de Paris, qui se concentre selon lui uniquement sur la prévention des risques.

"Oui, la drogue, c’est de la merde", avait-il ajouté, reprenant des propos du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Mais en continuant à faire cette stratégie uniquement axée sur la réduction de risque des toxicomanes, on ne s’en sort pas. Il n’est pas normal aujourd’hui, de voir dans notre quotidien, au coin de notre rue, une salle de shoot. Il n’est pas normal de voir aujourd’hui, sur la ligne 12, à 16h, des gens allumer leur pipe à crack devant des gamins."

Nicolas Jeanneté avait dénoncé une politique de la ville qui "banalise dans l'espace public, la drogue en elle-même", un phénomène qu'il disait avoir été révélé dans "l'actualité récente, même l'affaire Palmade".

Début mars, l'élu avait répondu à un intervention de Gérald Darmanin concernant la lutte contre la consommation de drogues, en rappelant que la France était devenue "le pays où la consommation de cannabis, cocaïne et drogues de synthèse est l'une des plus élevées".

Et ce malgré "l'une des répressions les plus fortes en Europe", avait insisté le conseiller de Paris, réitérant le besoin d'une "vraie politique de luttre contre la drogue", comprenant à la fois de la prévention, de la répression et des soins.

Placé en garde à vue en début de semaine, l'élu parisien est entendu dans le cadre de cette enquête diligentée par la brigade des stupéfiants et lancée en août 2022, qui concerne également le chef de blanchiment.

De son côté, le groupe "Changer Paris", dont l'élu fait partie, a confirmé lundi soir la suspension "immédiate" à titre conservatoire de Nicolas Jeanneté au sein du groupe, ainsi que sa délégation au sein de la mairie du 15e arrondissement.

Laurène Rocheteau