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Paris Île-de-France

Pourquoi les agents de la RATP font-ils grève ce vendredi ?

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La journée de vendredi sera très perturbée dans les transports franciliens avec huit lignes de métros à l'arrêt et des perturbations dans le RER, les tramways et les bus. Les agents réclament notamment des augmentations salariales.

Ce vendredi s'annonce noir dans les transports franciliens. En raison d'une grève des agents de la RATP, le trafic sera extrêmement perturbé avec huit lignes de métro qui resteront fermées toute la journée.

Sur les autres lignes, à l'exception des lignes automatiques 1 et 14, la circulation ne sera que partielle avec généralement un train sur trois. Des perturbations sont également attendues sur le RER avec un train sur deux sur les lignes A et B en heures de pointe. Les tramways et les bus seront aussi affectés par cette grève.

Un désaccord sur les augmentations de salaires

Le mouvement lancé à l'appel des principaux syndicats représentatifs de la profession (CGT, F0, Unsa, Solidaires, CFE-CGC et La Base) s'annonce très suivi chez les agents.

Le principal point de tension avec la direction de la Régie autonome des transports parisiens concerne les salaires. Les employés de la RATP demandent des augmentations salariales notamment en raison du contexte actuel d'inflation et de hausse du prix du carburant.

"On est dans une entreprise qui génère des milliards d'euros de bénéfice depuis 10 ans, l'inflation n'a jamais été aussi haute et nos salaires n'ont pas été augmentés depuis plus de 10 ans", estimait ce lundi soir, Bastien Berthier, conducteur de métro sur la ligne 5 et syndicaliste Force Ouvrière au micro de BFM Paris.

Une réunion s'est tenue ce lundi entre les syndicats et la direction, sans parvenir à un compromis. Les représentants syndicaux ont regretté des propositions de revalorisation trop faibles alors que la CGT, premier syndicat dans la profession, demande une augmentation salariale de 3% nette sur les trois prochaines années pour l'ensemble des métiers du groupe.

La RATP assure de son côté, offrir une hausse en moyenne de 2,7% aux agents, supérieure à celle proposée en 2021. Mais les syndicats contestent ce chiffre et affirment qu'il s'agit en réalité d'une augmentation d'uniquement 0,4%.

"La proposition d'augmentation de 0,4% saupoudrée en diverses mesures sociales est à la hauteur de son mépris", tançaient la semaine dernière, les syndicats de la RATP dans un communiqué commun.

Le pourcentage de hausse proposé par la direction ne concerne en fait pas l'intégralité des salariés de la RATP. 1,8% de l'augmentation proposée est liée à l'avancement et à l'ancienneté et 0,5% de l'offre est pour des "mesures catégorielles". La hausse qui concerne l'ensemble des agents n'est donc que de 0,4%, ce qui explique les différences de chiffres avancées par les deux parties.

Des nouvelles négociations prévues vendredi

La direction a aussi proposé lors de la dernière réunion, un intéressement supérieur à celui des années précédentes. Elle estime qu'au total "plus de 100 millions d'euros seront redistribués aux salariés en 2022". Un discours qui n'a finalement pas réussir à convaincre les syndicats.

Les discussions sont finalement restées bloquées lundi soir, entraînant l'appel à la grève pour ce vendredi. "Nous sommes ouverts à la négociation mais pas la RATP", regrette le syndicaliste FO Bastien Berthier.

De nouveaux pourparlers entre représentants syndicaux et membre de la direction sont toutefois prévus ce vendredi, jour de la grève, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires.

L’ouverture à la concurrence sur les bus critiquée

Ces tensions liées aux négociations salariales surviennent dans un contexte social déjà tendu ces derniers temps, avec la question de l'ouverture à la concurrence prochaine dans les transports en commun parisiens.

Ce jeudi, le conseil d'administration du gestionnaire Ile-de-France Mobilités a approuvé l'ouverture à la concurrence des bus parisiens et de la petite couronne à partir de 2025. La "zone RATP" va être divisée en 12 lots, qui doivent faire l'objet d'autant d'appels d'offres. Les agents craignent eux des suppressions conséquentes de poste avec cette mesure.

En attendant d'éventuelles avancées entre syndicats et direction de la RATP sur ces points de tensions, la journée de vendredi s'annonce donc très compliquée pour les usagers des transports en communs. La RATP appelle d'ailleurs les Franciliens à différer leurs déplacements lorsque cela est possible. Le détail des perturbations prévues ce vendredi est disponible ici.

Gauthier Hartmann