1800 tonnes de déchets: avec la grève des éboueurs, les poubelles s'accumulent dans les rues de Paris

Les déchets s'accumulent depuis quelques jours dans Paris, jusqu'à former de petits dépotoirs urbains. Des poubelles remplies de détritus qui ne sont plus vidées, c'est une des conséquences de la mobilisation contre la réforme des retraites.
Dans la capitale, 30% des éboueurs sont en grève depuis ce mardi. Si certains arrondissements ont pu être collectés, aucune benne n'a pu être sortie dans neuf arrondissements de Paris, dont le 16e arrondissement.
"Nous sommes très déterminés"
A l’issue des collectes qui ont pu être menées par endroit mardi soir, environ 1800 tonnes de déchets n'ont pas été collectés et s'accumulent encore ce mercredi dans les rues de la capitale, indique la mairie de Paris auprès de BFM Paris Île-de-France.
Des riverains interrogés regrettent que le visage de Paris soit entaché par l'image de ces poubelles débordantes. "Ça ne fait pas beau pour les yeux des touristes", note un habitant.
Une situation que les éboueurs en grève assument. "Nous, on n'est pas là pour embêter ni les travailleurs ni les usagers", explique Régis Vieceli, éboueur mobilisé et secrétaire général de la CGT dans la filière traitement des déchets.
"Celui qui prend en otage, c'est Macron. Il faut qu'il abandonne cette réforme. [...] S'il abandonne la réforme, nous on reprend le boulot."
À l'aube de ses 56 ans, Régis peut partir à la retraite dès l'année prochaine grâce à son régime affilié, avec une pension à 830 euros nets par mois. S'il décide de partir à 67 ans avec le système de retraite actuel, il touchera une retraite à taux plein de 1480 euros nets.
Avec la réforme menée par le gouvernement, Régis et ses collègues, n'auraient plus de régime spécial. Il devrait donc à partir à 69 ans, soit deux années supplémentaires.
"On est en reconductible et en grève indéterminée", poursuit Régis. "Nous sommes très déterminés, donc nous sommes prêts à aller jusqu'au bout."
Ce mardi, lors de la grève générale qui a été menée dans tout le pays, le centre de traitement des déchets d'Issy-les-Moulineaux a été bloqué, obligeant les éboueurs en service à se rendre au centre de Saint-Ouen.
Le seul four incinérateur qui fonctionnait à Ivry-sur-Seine est désormais à l'arrêt. L'incinérateur de Saint-Ouen, lui, est en maintenance. Les lieux servent donc désormais à rediriger les déchets vers d'autres sites en Île-de-France.
"Pour manifester, comme faire autrement?"
La situation commence déjà à peser pour les Parisiens. "C'est pas très propre évidemment, mais bon après on subit", souligne un habitant, défaitiste. Certains craignent l'arrivée rapide des nuisibles.
"C'est déplaisant. Hier soir en rentrant, je me disais 'tiens, les rats vont apparaître", note un Parisien au micro de BFM Paris Île-de-France. "Les sous-sols de Paris sont remplis de rats, donc là avec la nourriture, entre les corbeaux et les rats..."
Les commerçants également, ne cachent pas leur mécontentement. "C'est très dérangeant pour nous, parce qu'on a quand même pas mal de déchets le soir", déplore l'un d'eux.
L'ambiance reste toutefois calme. Les Parisiens sont nombreux à comprendre l'action menée par les éboueurs, et leur volonté de faire grève.
"On sait bien qu'il y a toujours de la nuisance, quelles que soient les revendications, mais en même temps pour manifester, comme faire autrement?", estime une Parisienne.
"Je suis d'accord avec eux", lance avec conviction une autre habitante. "Il faut se défendre, il faut défendre nos droits et s'il faut en arriver jusque-là, on en arrivera jusque-là."
Les éboueurs ont annoncé vouloir continuer de faire grève au moins jusqu'à vendredi. Lors de leur dernière mobilisation contre la réforme des retraites, la grève des éboueurs avait duré 23 jours.