Réforme des retraites: les éboueurs se mettent en grève, premières perturbations à Paris
Transports, énergie, raffineries... Les appels à la grève reconductible se sont multipliés dans de nombreux secteurs avec une nouveauté: l'arrivée des éboueurs dans le mouvement.
La CGT a ainsi appelé à arrêter le travail dès ce mardi 7 mars. Tous les salariés, ceux en charge de la collecte des déchets et du tri ainsi que ceux affectés à la propreté des rues, sont concernés. La grève sera reconductible.
Rappelons que la filière de la collecte et du tri n'est pas organisée de la même façon sur le territoire. Elle est partagée entre le service public, géré par les collectivités territoriales, et des entreprises privées comme Veolia, Derichebourg et Nicollin qui opèrent dans le cadre de délégations du service public.
A Paris, 3000 tonnes de déchets sont collectées chaque jour
Parfois, dans les grandes villes comme Paris, la gestion de la propreté est confiée à la fois au service public et à des entreprises privées (10 arrondissements chacun).
Conséquence, les salariés dépendent de fédérations syndicales différentes: celle des services publics ou celle des transports.
"C'est notre contribution, notre participation à l'appel de l'intersyndicale pour le blocage de l'économie" explique à l'AFP, François Livartowski, secrétaire fédéral de la CGT-services publics. "Deux ans de travail en plus, ce serait, pour une grande partie d'entre nous, le risque de mourir avant la retraite, ou peu de temps après".
Ces professionnels réclament la retraite à 60 ans du fait de la pénibilité de leur métier. Partir à 64 ans "est un non-sens" souligne au micro de BFM Ile-de-France Régis Vieceli, Secrétaire général CGT Nettoyage à la ville de Paris.
Contrairement à d'autres secteurs, seule la CGT a lancé cet appel à la grève mais étant donné son poids dans le secteur (dans le public et dans le privé), notamment à Paris, les perturbations sont déjà palpables.
Des commerçants et des riverains inquiets
La collecte des déchets et l'accès à des sites de traitement sont d'ores et déjà perturbés. Depuis ce lundi, "dans quatre arrondissements au moins, les poubelles n'ont pas été collectées: le VIe, le XIVe, le XVIIe et le XXe pour le moment", indique Natacha Pommet, secrétaire générale de la CGT services publics. "Plusieurs milliers de tonnes d'ordures ménagères" n'ont pas été collectées ajoute la centrale.
Par ailleurs, les trois incinérateurs de déchets dont celui d'Ivry qui couvre une partie de Paris et de sa banlieue sud-est, étaient inopérants ce mardi.
La mairie indique que les perturbations vont se poursuivre au moins ce mardi puisque les salariés de Veolia et de Suez sont appelés à rejoindre le mouvement dans les 10 arrondissements confiés au secteur privé. De quoi accentuer fortement le volume d'ordures qui ne seront pas collectées.
Evidemment, la crainte du débordement est déjà forte du côté des riverains et des commerçants de la capitale. "Paris est déjà insalubre" se désole ainsi un habitant interrogé par BFM Ile-de-France, "on n'a pas à subir ça, c'est déjà assez compliqué comme ça le commerce" ajoute une boulangère du XIVe arrondissement.
A Montpellier, "la ville va être sale et les odeurs vont commencer à se répandre"
Un conflit dans la durée pourrait vite devenir cauchemardesque. Chaque jour, ce sont 3000 tonnes de déchets qui sont collectés à Paris et 15.000 en Ile-de-France.
En province, il est encore difficile de savoir dans quelle mesure le mouvement est suivi. A Montpellier, aucun camion ne sort du dépôt de l'entreprise privée Nicollin, tandis que la propreté urbaine est elle aussi touchée, indique le quotidien Midi Libre.
"Dans moins de quatre jours les rats vont commencer à sortir à cause du cumul des sacs par terre, ça va vite dégorger surtout dans les quartiers où il y a une forte consommation, la ville va être sale et les odeurs vont commencer à se répandre" prévient un salarié interrogé par nos confrères.
A Marseille, les agents de collecte ne sont pas encore en grève. Mais la colère gronde, à cause de la réforme des retraites mais surtout à la suite des projets de réorganisation voulus par la Métropole Aix-Marseille. L'an passé, plusieurs importantes grèves avaient provoqué pendant des semaines des débordements massifs et des risques sanitaires suscitant la colère des habitants.