Ivry-sur-Seine: appel contre le plus grand incinérateur d'Europe

De la fumée sort des cheminées de l'incinérateur d'Ivry, près de Paris, en juillet 2017. (Photo d'illustration) - JOEL SAGET © 2019 AFP
Une association environnementale a annoncé mercredi sa décision de poursuivre sa bataille judiciaire contre le plus grand incinérateur d'Europe, celui d'Ivry-sur-Seine/Paris XIII. Le Collectif 3R a indiqué à l'AFP faire appel du rejet récent par le tribunal administratif de Melun de son recours contre l'immense incinérateur, qui réceptionne, au sud de la capitale, les ordures ménagères de 14 communes.
Cet incinérateur en fin de vie doit être remplacé en 2024 par une "unité de valorisation énergétique" qui traitera deux fois moins de déchets (350.000 tonnes d'ordures ménagères par an, selon le site de l'agence métropolitaine des déchets ménagers Syctom). Le Syctom promet "un mieux-disant environnemental": "odeurs maîtrisées, bruit atténué, rejets atmosphériques réduits, neutralisation renforcée des polluants, circulation diminuée...".
"Bonne qualité" de l'étude d'impact
Ce n'est pas l'avis du Collectif 3R et de l'association Zero Waste France, qui ont demandé, dès 2019, son annulation devant la justice. Leur recours a été rejeté ce mois-ci. Ces associations contestent notamment l'étude d'impact, jugée incomplète. Selon elles, l'étude aurait dû prendre en compte une seconde usine, dite "de valorisation organique", qui devrait également voir le jour.
"Ce n'est pas une usine "mais deux qui vont polluer", déplore auprès de l'AFP le coprésident du collectif 3R Jean-Christophe Brassard, préconisant le développement du tri plutôt que la construction d'"usines monstres".
Dans son jugement consulté par l'AFP, le tribunal a estimé que les requérants n'étaient "pas fondés à soutenir que l'étude d'impact aurait été incomplète", faisant notamment valoir que des "autorités administratives" comme l'Agence régionale de santé avaient "souligné la bonne qualité" de l'étude d'impact. Un jugement salué par Pierre Hirtzberger, directeur des services techniques du Syctom. "On était confiants sur le fait que le dossier était sérieux. La réalité du tonnage des déchets à traiter montre que l'installation n'est pas surdimensionnée", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le tribunal a aussi écarté une étude de ToxicoWatch, commandée par le collectif 3R. Cette étude avait révélé, en février dernier, de très importantes concentrations de dioxine dans les villes d'Ivry-sur-Seine, Alfortville, Charenton-Le-Pont et Paris, proches de l'actuel incinérateur. Selon la justice, cette étude n'a pu scientifiquement lier la pollution à l'incinérateur. L'étude prouve que la zone, bordée par le périphérique et l'autoroute, est déjà "un point noir environnemental", a rétorqué M. Brassac. "La question est de savoir s'il est judicieux de rajouter de la pollution à la pollution".