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Paris: une avocate enceinte perd les eaux et fait un malaise au tribunal après le refus du renvoi de son dossier

Le tribunal de Paris pendant sa construction

Le tribunal de Paris pendant sa construction - Image Flickr

Jeudi 4 avril, lors d'une audience au tribunal judiciaire de Paris, une avocate enceinte de 8 mois a perdu les eaux, fait un malaise puis a été victime d'une crise d'épilepsie. Elle venait de demander le renvoi de l'affaire.

Un vent de panique s'est emparé du tribunal judiciaire de Paris, jeudi 4 avril, quand une avocate enceinte de 8 mois a dû être évacuée après avoir perdu les eaux et fait un malaise, rapportent Le Nouvel Obs et Le Parisien.

La scène s'est déroulée au sein de la 16e chambre du tribunal judiciaire de Paris, après que ce dernier a refusé la demande de renvoi du procès à l'avocate, qui s'occupait de l'un des prévenus, jugé pour "vol aggravé". Elle avait pourtant fait valoir son état de santé et le fait qu'elle tenait à assurer la défense de ce dossier qu'elle suivait depuis le début.

L'avocate a perdu les eaux pendant l'audience, fait un malaise puis a été secouée par une crise d'épilepsie, avant d'être transportée hors du tribunal sur une civière. Elle était censée être en arrêt maladie jusqu'au 11 avril.

Un deuxième avocat

Vendredi, lors du deuxième jour du procès, la présidente du tribunal a pointé du doigt "une persistance de malentendus" et s'est justifiée au motif que l'accusé avait un deuxième avocat. Sauf que ce dernier était convoqué en même temps que l'audience à Paris au tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) et à celui de Créteil (Val-de-Marne) jeudi.

"À aucun moment le tribunal n’a pensé qu’elle était en état de plaider. Le planning de l’audience avait d’ailleurs été modifié pour que la défense puisse être assurée" le second jour du procès, a assuré la présidente.

Ce à quoi le deuxième avocat a répondu qu'il n'avait jamais dit qu'il défendrait "seul" le prévenu: "J’avais fait une demande de renvoi. Elle et moi sommes dans ce dossier depuis un an, on ne se lâche pas."

"Une situation de tension"

Pour calmer les esprits, Vanessa Bousardo, vice-bâtonnière de Paris, a reconnu que "la justice est rendue dans des conditions dramatiques, que les stocks [d’affaires à juger] sont terribles et que l’audiencement est problématique". Mais elle a souligné que "la situation d’une avocate, enceinte, qui vient demander un renvoi est un enjeu majeur". "Il faut savoir comment en prendre compte", a-t-elle ajouté.

Me Philippe Gründler, l'avocat de l'une des victimes, a reconnu n'avoir "jamais vu cela" en 40 ans de carrière. "Nous sommes dans une situation de tension entre avocats et magistrats qui est catastrophique. On ne peut pas continuer comme ça. On doit y réfléchir. Si on ne cherche pas des équilibres, on joue avec le feu."

Le tribunal a finalement accordé le renvoi de l’affaire réclamé par les avocats, "la sérénité des débats" n'étant "pas assurée". Elle doit se tenir les 19 et 20 décembre. L'avocate enceinte, dans un état "stable", n'avait pas encore donné naissance vendredi.

Clément Boutin Journaliste BFMTV