Paris: une application veut proposer un nouveau service de location de trottinettes électriques

Un homme passe en trottinette électrique devant la cathédrale Notre-Dame de Paris le 23 août 2023. (Illustration) - MIGUEL MEDINA © 2019 AFP
Chassées par la porte, elles reviennent par la fenêtre. Interdit dans la capitale après la première votation citoyenne en avril 2023, le service de location de trottinettes électriques fait visiblement son grand retour depuis le mois de juin. L'application Despii veut réveiller ce mode de transport partagé, cauchemar pour les uns, aubaine pour les autres.
Mais comment contourner la décision communale prise il y a deux ans avec 89,03% de votes en faveur de l'interdiction des trois opérateurs Lime, Dott et Tier (pour une participation de 7,5% des inscrits)? Despii tire son épingle du jeu par son business modèle, comme le raconte Le Parisien ce jeudi 19 juin.
Selon les chiffres dévoilés par l'application auprès du quotidien francilien, Depsii aurait d'ailleurs déjà été téléchargée 10.000 fois.
Un "Airbnb de la trottinette"
Ici, il n'est aucunement question de clients qui se voient proposer un véhicule parmi une flotte en libre-service, à louer le temps d'un trajet quand bon lui semble. Il y a une étape en plus qui fait la spécificité du service.
La nouvelle application met en relation des propriétaires de trottinettes électriques et des locataires pour une durée à définir entre les deux parties. Une sorte de "Airbnb de la trottinette" qui contourne habilement l'interdiction de 2023.
Comme sur la plateforme de location de logement, Despii n'est pas propriétaire des véhicules référencés sur son application. Lorsqu'un utilisateur a jeté son dévolu sur une trottinette, il émet une demande de location auprès du propriétaire du véhicule. Charge à lui d'accepter, ou non, la demande.
Sur chaque course, le prix fixé en amont par le propriétaire comprend une commission pour Despii. La flotte actuelle, estimée au 19 juin à 1.000 véhicules, est disséminée dans des parkings bien spéciaux, dédiés à cet effet, avec des commerces partenaires (Franprix, G20, O'Tacos...).
"On a reçu énormément de questions par rapport à l'interdiction. ça montre aussi qu'il y a un vrai intérêt à Paris", relève Yovann Pigenet, co-fondateurs de Despii.
Quand elles ne seront pas en circulation, les trottinettes seront stockées dans une des deux conciergeries à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Une deuxième commission revient d'ailleurs à la conciergerie, précise Despii.
La "saisie" de toutes les trottinettes demandée
Malgré son lancement retentissant, Despii semble aussi décriée que les anciens services de trottinettes. Jeudi 19 juin, Union Capitale, groupe d'opposition au conseil de Paris évoque le renouveau du "désordre urbain sous couvert d'innovation".
Un communiqué publié sur le compte X du groupe politique pointe du doigt "un retour sauvage, effectué sans concertation avec les autorités parisiennes".
"Il est inadmissible qu'une entreprise contourne les règles établies et s'affranchisse de toute autorisation d'occupation du domaine public", écrit Union Capitale ce jeudi 19 mai.
Et d'ajouter que la saisie par les services de police de toutes ces trottinettes est demandée. Contactée par le Parisien, la mairie de Paris indique que pour l'heure "aucune remontée sur des problématiques d'emprise sur l'espace public n'a été faite", mais assure une vigilance sur ce sujet.
Et pour cause, l'application Despii n'est pas encore opérationelle. Mais ses fondateurs assurent qu'elle permettra bientôt de pouvoir rouler à nouveau en trottinette à Paris. Presque comme avant.