Paris: pourra-t-on nager dans la Seine lors des Jeux olympiques en 2024?

La Seine accueillera des épreuves lors des JO de Paris en 2024 - Icon Sport
C'était une promesse formulée par Jacques Chirac en 1990. Il promettait que les Franciliens pourraient se baigner dans la Seine "d'ici trois ans". Une promesse qu'il n'a jamais pu tenir, puisqu'aujourd'hui, il est toujours impossible de s'y baigner.
Plusieurs sites à l'étude
Mais ce "rêve", selon Anne Hidalgo pourrait bien devenir réalité. Grâce à l'État, la Ville de Paris et plusieurs autres collectivités locales qui ont injecté 1,4 milliard d'euros, il sera peut-être possible de se baigner dans la Seine lors des Jeux olympiques de Paris en 2024. Les épreuves de natation en eau libre seraient concernées et pourraient se dérouler dans la Seine entre les Invalides et la Tour Eiffel, même si quatre autres sites sont à l'étude.
Le nombre et l'emplacement de ces "stations" sera défini "en héritage des Jeux, à l'horizon de la fin 2024", expliquait Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des sports et des JO, fin février.
La préfecture d'Ile-de-France, qui chapeaute avec la Ville de Paris le plan baignade, porte l'objectif "d'effacer en 2024 les trois quarts de la pollution" liée aux mauvais branchements. Si on atteint cet objectif de 75%, il doit être possible de se baigner dans la Seine", explique la Préfecture d'Ile-de-France
La crainte de la météo
Basée sur une directive européenne de 2006, la réglementation requiert l'analyse microbiologique de deux bactéries fécales, l'escherichia coli et les entérocoques intestinaux.
L'été dernier, l'ensemble des prélèvements quotidiens étaient satisfaisants ou excellents 7 jours sur 10. Et ça, c'est avant tous les travaux en cours", souligne Pierre Rabadan, adjoint à la Maire de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine.
Il prévoit aussi une proportion portée à 92% sur la période olympique, entre fin juillet et début août.
L'adjoint n'exclut toutefois pas "des aléas" comme de gros orages qui entraîneraient des rejets d'eaux polluées. Dans ce cas, les organisateurs ont "deux-trois jours de marge" pour décaler les épreuves, indique-t-il.
"Il faut espérer qu'il ne pleuve pas du tout dans les trois jours avant les JO", dit Françoise Lucas, chercheuse en microbiologie à l'université Paris-Est Créteil. Or, l'été 2021 "était très humide", rappelle-t-elle.
Un risque écologique?
Michel Riottot, président d'honneur de l'association France Nature Environnement (FNE) Île-de-France, est très sceptique vis-à-vis du traitement par acide performique développé à Valenton dans le Val-de-Marne, l'une des deux stations d'épuration du Siaap en amont de Paris. Il craint des "destructions massives dans l'écosystème" si l'acide venait à s'échapper.
Ce traitement est "bien plus efficace que les désinfectants chimiques", répond le Siaap, qui rappelle que "les rejets d'ammonium, principal paramètre de pollution, ont été divisés par 20 depuis 1997".
Résultat, "il y a 34 espèces de poissons dans la Seine et 37 dans la Marne, alors qu'il y en avait 3 dans les années 1990", se félicite son président, François-Marie Didier.
Quant à la leptospire, autre bactérie potentiellement mortelle, "les cas de transmission restent limités" et "il n'y a pas plus de risque dans la Seine qu'ailleurs", estime le Centre national de référence de la leptospirose, basé à l'Institut Pasteur. "Cela ne devrait donc pas impacter le déroulement des Jeux", conclut le laboratoire.