Paris: l'opposition Hidalgo-Dati ravivée par les coupes budgétaires dans le domaine de la culture

Économiser 10 milliards d'euros. C'est l'ambition du gouvernement,annoncée mi-février, après une année 2023 marquée par un déficit record (5,5% du PIB). Pour cela, le domaine de la culture ne sera pas épargné, avec des coupes budgétaires estimées à un peu plus de 200 millions d'euros.
En Île-de-France, les établissements culturels, majoritairement situés à Paris, devront ainsi s'adapter avec près de 15 millions d'euros de moins.
Dans un communiqué, le conseiller de Paris et déjà candidat à la mairie de Paris, Pierre-Yves Bournazel (Horizons), regrette des baisses de crédits qui représentent "des millions en moins pour la Comédie-Française, l’Opéra de Paris ou encore le théâtre de la Colline".
11 millions en moins pour l'Opéra et la Comédie-Française
Les trois établissements verront en effet leurs dotations baisser respectivement de cinq millions, six millions et 500.000 euros. La baisse sera aussi d'un demi-million d'euros pour le théâtre national de la Danse Chaillot à Paris. Le musée du Louvre devra lui aussi faire des économies, chiffrées à trois millions d'euros, tout comme le Mobilier national-Sèvres (pour un montant d'un million d'euros).
A l'Opéra, le montant "sera prélevé sur le fonds de roulement (...). ll ne donnera lieu à aucune restriction des moyens disponibles pour l'activité et le fonctionnement de l'établissement", a-t-on assuré à l'AFP. L'institution entend néanmoins "retrouver en 2025 un niveau de soutien public conforme" au contrat passé avec l'Etat pour 2022-2026.
Matthias Bergmann, du syndicat Sud, craint, lui, que le coup de rabot ait une incidence sur les travaux de rénovation prévus aux opéras Bastille et Garnier dans les prochains mois.
Le directeur du théâtre de la Colline a quant à lui prévenu que le nombre de créations de spectacles vivants serait revu à la baisse pour la saison 2024-2025, en raison de ces économies.
Passes d'armes entre les camps Hidalgo et Dati
Le sujet a relancé les affrontements interposés entre le camp de la maire de Paris Anne Hidalgo et celui de sa première opposante et ministre de la Culture Rachida Dati. L'exécutif parisien dénonce la gestion de cette dernière, décrite comme un contresens et un danger pour la création culturelle et les artistes.
"Nous avons une ministre de la Culture qui est arrivée en assurant que, de par son poids politique, elle gagnerait ces arbitrages, il n'y aurait aucune difficulté pour le secteur (...). Deux mois après, tout cela est complètement démenti", s'est plaint Carine Rolland, adjointe à la mairie de Paris en charge de la culture, au micro de BFM Paris- Île-de-France. Celle-ci s'interroge aussi sur la durée de ces mesures d'économie.
"Je n'entends pas de perspectives. Est-ce que c'est une baisse pérenne? Est-ce qu'on est en train de se dire 'on va vers une casse assumée du service public de la culture', ou est-ce que c'est temporaire?", questionne l'élue.
"La ministre de la Culture prévoit 15 millions d'euros d'austérité pour les musées et théâtres parisiens, qui n'auront pas d'autre choix que renoncer à leur mission de service public", a ajouté le premier adjoint Emmanuel Grégoire sur le réseau social X.
"La 1ère victime du duo Dati-Hidalgo, c'est la Culture!"
La réponse du groupe Changer Paris, au sein duquel la ministre est élue, ne s'est pas faite attendre. Les opposants à la maire de Paris ont dénoncé sur les réseaux sociaux la baisse de 32,5% des investissements de la ville dédiés à la culture entre 2022 et 2024. "Une baisse qui abîme Paris et freine à l'accès à la culture pour tous que nous défendons!", ajoute le groupe.
En décembre 2022, la mairie avait en effet baissé le budget de la culture de 3%, le faisant passer de 170,2 millions d'euros à 165,7 millions l'année suivante. Cette réduction avait finalement été compensée par une enveloppe supplémentaire de 11 millions d'euros, votée au mois de février grâce notamment à la hausse de la taxe foncière.
La municipalité affirme que depuis le début du mandat, le budget de la culture a été augmenté de 24,5%, pour des investissements atteignant les 517 millions d'euros, dont 200 millions d'euros à venir entre 2024 et 2026.
Face à ces passes d'armes entres les camps Hidalgo et Dati, Pierre-Yves Bournazel estime lui que "la première victime du duo Dati-Hidalgo à Paris, c'est la Culture!".