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Paris: Hugo Clément dénonce "la censure" de son discours à l'hôtel de ville, le prestataire avance un problème technique

Hugo Clément

Hugo Clément - Capture d'écran YouTube - RIPAnimaux

Le journaliste et activiste s'est indigné ce vendredi matin de la coupe "à la hache" d'une vidéo d'une de ses interventions sur la biodiversité. Une prise de parole égratignant notamment l'action politique d'Anne Hidalgo et de Carole Delga.

Hugo Clément n'en revient pas. Ses propos ciblant l'impact environnemental des politiques d'Anne Hidalgo et Carole Delga ont-ils été sciemment censurés? Dans une longue série de tweets publiée ce vendredi, le journaliste et activiste revient sur cette affaire qui l'interroge. Et pointe du doigt la responsabilité de la mairie de Paris.

Le 31 mai, l'hôtel de ville héberge en son sein un débat intitulé "Impact²". Hugo Clément est invité à prendre la parole "bénévolement" sur l'un de ses thèmes de prédilection: la biodiversité. Il partage notamment la scène avec la maire de Paris, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Muhammad Yunus, Prix nobel de la paix.

En l'espace de 15 minutes, le journaliste relaie des études scientifiques, étoffe son propos par des chiffres et se livre à une anaphore. "On vit dans un pays où...", lance Hugo Clément, avant d'adresser des flèches à différents responsables politiques. Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, et Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en font par exemple les frais.

Arbres coupés et sols bétonnés

C'est ensuite au tour de la socialiste Carole Delga, présidente du conseil régional d'Occtanie, d'essuyer des critiques. Hugo Clément l'épingle pour son soutien à "la création d'une nouvelle autoroute, qui va provoquer la coupe de centaines d'arbres et le bétonnage de terres agricoles pour gagner à peine 15 minutes de trajet".

Puis de la maire de Paris: "Anne Hidalgo, qui n'est plus dans la salle malheureusement, fait couper des dizaines d'arbres, notamment Porte de Montreuil, pour construire des bâtiments en disant que d'autres arbres seront plantés à la place", fustige l'activiste. "Bref, rien de méchant", résume-t-il dans son thread.

Hugo Clément s'éloigne du pupitre et demande qu'on lui fasse parvenir le clip vidéo de son intervention, dans l'optique d'en faire profiter ses abonnés sur les réseaux sociaux.

Plusieurs relances

D'après son récit, l'ancien reporter de Quotidien est sommé de patienter. Il relance l'organisateur à plusieurs reprises, lequel le redirige vers Blonde média, "un média numérique que je ne connaissais pas et qui a capté l’événement", rapporte Hugo Clément.

Il entre en contact avec son fondateur. Fin de non-recevoir dans un premier temps. Puis, le média lui propose d'acheter la séquence, narre Hugo Clément. Il refuse. Le média en ligne finit par accepter sa requête et lui fait parvenir la séquence vidéo de son discours. Mais celle-ci a été "coupée à la hache", épurée des parties dans lesquelles il s'offusque des agissements d'Anne Hidalgo et Carole Delga.

"Autre chose: le panneau sur le pupitre, sur lequel figurait le logo de la mairie de Paris et des indications de lieu et de date, a été effacé", s'étonne l'ancien de Canal +. Qui remarque également que son nom n'apparaît plus sur le site de l'événement, alors que c'était le cas plusieurs semaines auparavant.

"Merci de ne pas nous mêler à cette histoire"

Hugo Clément fulmine: "Quand on est élu, il faut accepter la critique et sa libre expression. Je ne sais pas qui a pris la décision de censurer ce passage, s’il s’agit d’une demande de la mairie ou d’un zèle des organisateurs, mais c’est nul".

Barthélémy Bolo, conseiller presse et communication de la mairie de Paris, tente immédiatement de désamorcer la polémique. "Vous parlez d’un événement qui n’est pas organisé par la ville, comme il en existe tous les jours à l’hôtel de ville. Nous n’avons aucune relation avec le prestataire qui a capté votre discours. Nous avons autre chose à faire", commente ce dernier dans un tweet lapidaire.

Conseiller de Paris, Thomas Chevandier rejette lui aussi toute implication de la municipalité dans cette affaire. "Merci de ne pas nous mêler à cette histoire…", intime-t-il à Hugo Clément.

Changement de batterie

Un peu plus tard dans la matinée, c'est au tour dudit prestataire, Blonde média, de réagir après avoir découvert "avec étonnement les tweets d'Hugo Clément".

Déplorant les "incessantes relances" du journaliste, le média en ligne en vient ensuite aux accusations de censure. "Concernant le passage évoqué, le caméraman a dû changer la batterie de l'appareil photo pendant le discours d'Hugo Clément pour espérer en capter la majeure partie", peut-on lire dans un communiqué.

Et d'ajouter: "Si la saute concerne la partie du discours mentionnant la maire de Paris, elle concerne aussi un passage sur Jean-François Copé et n'a aucun lien avec les services de qui que ce soit. Ces images n'ayant pour but que de servir le traitement de notre propre sujet".

Quant à l'effacement du logo de la mairie de Paris du pupitre, Blonde média argue que les "images journalistiques" ont été tournées par ses équipes et qu'il se réserve par conséquence "l'exclusivité du traitement médiatique" de l'événement.

"Sacrée coïncidence!"

Hugo Clément ne croit pas une seconde à l'hypothèse du problème technique: "Dans un tweet, Blonde média plaide le 'changement de batterie de l’appareil photo' pour expliquer la coupe. Sauf qu’il y avait plusieurs caméras qui filmaient simultanément, comme on le voit ci-dessous et dans la vidéo".

"Elles sont toutes tombées en rade de batterie en même temps, pile au moment où j’évoquais Anne Hidalgo? Sacrée coïncidence!", ironise-t-il.

À cette heure, Blonde média n'a pas davantage communiqué sur cette polémique. Pour sa part, "Impact²" n'a pas non plus justifié la suppression de la vignette d'Hugo Clément de la liste des intervenants de l'événement sur son site internet.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions