Paris: 419 agressions homophobes recensées depuis le début de l'année, en hausse par rapport à 2022

"Être lesbienne, gay, trans dans l’espace public, c'est être exposé en permanence à des agressions", a interpellé Alice Coffin, conseillère écologiste de Paris et militante féministe mercredi soir en conseil de Paris.
L'élue s'inquiète des agressions homophobes aux Tuileries, un lieu connu pour être un point de rencontres homosexuelles à Paris et où elle dénonce des "agressions homophobes", et "selon différents témoignages de contrôle et harcèlement policier à caractère homophobe".
56 gardes à vue
La préfecture de police de Paris a dressé un bilan depuis le début de l'année à Paris : "Il y a eu 419 agressions à caractères homophobes", a indiqué en réponse Elise Lavielle, la directrice-adjointe du cabinet du préfet de police.
"72 faits ont été élucidés avec 56 gardes à vues. 77 violences sur des personnes en raison de leur orientation sexuelle ont été constatées dont trois viols et deux agressions sexuelles", a-t-elle ajouté.
"La proportion (d'agressions) n'est pas particulièrement élevée (sur les Tuileries) par rapport au reste de Paris", a-t-elle ajoutée. "Le commissariat de Paris centre reste très vigilant sur le secteur mais il n'y a pas d'objectivation d'une surreprésentation d'actes homophobe sur le secteur des Tuileries".
En 2022, Paris est la ville où les actes anti-LGBT+ étaient les plus fréquents, avec 400 faits enregistrés soit 18,1 pour 100.000 habitants.
"Des policiers référents LGBTQIA+"
La préfète a rappelé et détaillé les sensibilisations et formations mises en place pour les policiers et agents de la préfecture de police. L'amélioration de l'accueil dans les commissariats est un "axe de travail" pour "la prise en charge des victimes. Le public doit bénéficier d'un accueil de qualité et adapté aux problèmes rencontrés", a-t-elle indiqué en conseil de Paris.
"Des policiers référents LGBTQIA+ ont été désignés dans chaque commissariat (de la capitale) pour améliorer l'accueil des victimes et le traitement de la plainte. Un officier dispose d'un outil de prise de rendez-vous en ligne avec 'Police rendez-vous'. Ça offre aux victimes, un moyen d'accéder de façon plus confidentielle à un service de police en vue d'un dépôt de plainte".
"Que les victimes parlent plus et témoignent plus, ça nous aide", a rappelé Ariel Weil, le maire socialiste de Paris centre.
Rue du Temple, rue des Archives...
Aurélien Véron, le conseiller du groupe Changer Paris a insisté de son côté sur le fait que les "agressions homophobes ne concernent pas que les Tuileries. Elles concernent également rue du Temple et aussi autour de la rue des Archives".
Ce dernier a émis des doutes sur une présence policière renforcée aux Tuileries: "C'est un lieu de haie, un peu discret, où des hommes se retrouvent pour se rencontrer et avoir une intimité derrière des buissons. Je ne sais pas si vous imaginez l'impact d'avoir des policiers dans ces haies sur ce public qui n'a surtout pas envie d'avoir des policiers sur le dos."
Avant d'ajouter: "Le problème des dénonciations, des signalements des agressions homophobes, c'est que les gars qui se font agresser dans ces conditions se savent dans la semi-légalité parce que c'est un outrage public, qui est condamné par la loi. Donc, ils n'osent pas toujours porter plainte pour une agression homophobe. Donc c'est une situation très compliquée pour eux. Un éclaircissement pour porter plainte pour se retourner contre les agresseurs mais mettre des policiers dans ces buissons, je ne vois pas trop l'intérêt pour les visiteurs du soir."
En progression de 129%
Depuis 2016, selon la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, les actes anti-LGBTQIA+ sont en progression de 129%.
En septembre dernier, Isabelle Lonvis-Rome a dévoilé un plan national pour l'égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ avec notamment la formation de 100% des policiers et gendarmes d'ici mai 2024.
"En intégrant à la formation continue une demi-journée de sensibilisation sur les LGBTphobies, l’accompagnement des victimes et les qualifications juridiques spécifiques pour mieux caractériser les faits", précisait le dossier de presse du plan national.