Paris: trois ans de prison requis contre un homme accusé d'avoir contraint son demi-frère à voler

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Thomas SAMSON
Trois ans de prison ont été requis ce vendredi 15 mars à Paris contre un Roumain de 41 ans, accusé d'avoir contraint son demi-frère adolescent à voler, lors d'un procès ayant mis en lumière le fonctionnement "clanique" d'une partie de la communauté Rom, selon les mots du parquet.
Ce dossier est celui d'un "huis clos clanique", d'un "enfermement suivi d'une tentative d'émancipation" de la part de la jeune victime présumée, aujourd'hui âgée de presque 19 ans, a commenté devant la cour criminelle départementale l'avocate générale Sylvie Kachaner.
Jugé pour "traite d'être humain", l'accusé, Marius I., conteste les faits. Son jeune demi-frère l'accuse de l'avoir obligé, sous peine de violences physiques, à se consacrer toute la journée au vol.
Des vols imposés 6 jours sur 7
Adrian (prénom modifié), par ailleurs incarcéré pour vols, accuse des mêmes faits leur père, âgé de 59 ans. Ce dernier est en Roumanie et fait l'objet d'un mandat de recherche. Déjà condamné, en 2019, pour des faits similaires à l'encontre d'une de ses belles-filles, il devait initialement être jugé en son absence au côté de Marius I. Mais pour des raisons de procédure, son procès a été renvoyé à une date ultérieure, devant une cour d'assises.
Selon le récit d'Adrian, les faits ont commencé lorsqu'il avait 12 ans. Six jours sur sept, il devait partir voler, sous peine d'être frappé s'il ramenait un butin insuffisant. Il a cependant livré au fil des audiences des versions différentes sur certains détails.
Adrian n'a jamais été scolarisé et ne sait ni lire ni écrire. Sa parole présente certes des "faiblesses et des fragilités", mais elle ne doit pas être remise en cause pour autant, a plaidé son avocate, Me Marie Millasseau.
"L'emprise" dénoncée par les associations de mineurs
Pour Guillaume Lardanchet, président de l'association Hors la rue qui vient en aide aux mineurs étrangers en danger, ce dossier relève d'un phénomène d'"emprise" en vigueur dans une partie de la communauté Rom.
Les adultes y contraignent leurs enfants à voler pour rembourser des dettes contractées à l'occasion de mariages, a-t-il expliqué à la cour. De tels mécanismes ne sont toutefois pas propres aux Roms, et ne concernent qu'une "minorité" de cette communauté, a insisté le responsable associatif.
"Nous ne sommes pas là pour jeter la lumière sur un phénomène, mais pour décider de la culpabilité d'un homme", s'est agacé l'avocat de l'accusé, Me Paul Faucon. Pour lui, Adrian "ment tout le temps": ses déclarations, d'une "fragilité vertigineuse", conduisent à un dossier de "bric et de broc", qui doit conduire à l'acquittement.
Le verdict est attendu ce vendredi 15 mars.