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"Parfois, on en avait deux à trois fois par jour": les braquages de boutique de téléphonie se multiplient en Île-de-France

Le logo d'une boutique Bouygues Télécom (image d'illustration)

Le logo d'une boutique Bouygues Télécom (image d'illustration) - AFP

Depuis le début de l'année 2025, les boutiques de téléphonie franciliennes sont touchées par des braquages de plus en plus nombreux. Derrière ces exactions commises par des suspects toujours plus jeunes, plane l'ombre de réseaux de recel internationaux.

Les boutiques de téléphonie, nouvelles cibles privilégiées de la délinquance francilienne? Le mardi 15 avril, trois individus, défavorablement connus des services de police, ont été arrêtés dans le Bouygues Telecom du centre commercial Avenir de Drancy, alors qu'ils venaient de braquer la boutique.

Peu avant la fermeture du magasin deux hommes cagoulés, armés de gazeuse et munis de trois chariots de courses entrent dans la boutique et somment les deux employés présents de les conduire à l'arrière-boutique afin de prendre les téléphones portables et autres objets de télécommunication. Les salariés sont menacés et ligotés dans l'arrière-boutique avec du serflex.

Un braquage de plus au milieu des 16 recensés en Île-de-France entre le 1er mars et le 1er mai. Durant cette période, des boutiques SFR, Bouygues ou Free ont été braquées à main armée dans les communes d'Asnières-sur-Seine, Vincennes, Orly, Neuilly-sur-Seine, Bois-Colombes, Athis-Mons, Saint-Maur-des-Fossés et à Paris. "Parfois, on en avait deux ou trois par jour", souffle à BFMTV.com une source policière.

Un larcin très lucratif

Pour les autorités, cette augmentation des braquages des enseignes de téléphonie en Île-de-France est liée à plusieurs facteurs bien identifiés. Ce type de larcin permet aux suspects d'agir vite pour un maximum de bénéfices.

"Les braqueurs savent qu'en quelques minutes, ils peuvent récupérer des centaines de téléphones en très peu de temps. Le butin s'élève bien souvent largement au-dessus de 50.000 euros", indique une autre source policière. Pour les boutiques, le préjudice peut s'élever à des centaines de milliers d'euros, malgré les assurances.

En Île-de-France, particulièrement, les voleurs peuvent écouler les téléphones dérobés et encaisser de l'argent très rapidement. "Il existe des réseaux de recel internationaux bien implantés dans la région francilienne. Ils récupèrent rapidement les téléphones et les envoient à l'étranger", confie à BFMTV.com une source bien informée.

Des profils entre "18 et 25 ans"

À cet aspect lucratif s'ajoutent des risques "relativement raisonnables" pour les suspects lorsqu'ils se lancent dans ces braquages. "Ils connaissent la politique mise en place par ces boutiques qui demandent à ses employés de ne pas opposer de résistance face à des assaillants", explique la même source. "Il suffit donc pour eux d'arriver en menaçant avec une arme, souvent une gazeuse, pour obtenir rapidement un très beau butin", ajoute-t-elle.

En plus de cette faible résistance, les enquêteurs sont confrontés à des profils de suspects peu expérimentés. "On est face à des individus peu connus des services qui sont souvent âgés entre 18 et 25 ans", relate à BFMTV.com cette même source. "Le plus souvent, ils ne font pas partie d'un réseau spécialisé, on a vu plusieurs de ses braquages où les suspects sont arrivés à pied ou à trottinette", ajoute-t-elle.

Des braquages difficiles à anticiper

Pour les enquêteurs, ces braquages revêtent un aspect aléatoire qui les rendent compliqués à anticiper. "Il suffit qu'un receleur mette un message sur une messagerie cryptée pour monter un coup pour que des individus se proposent pour faire le braquage", détaille à BFMTV.com, une source policière francilienne. "Les braqueurs n'ont donc aucune connexion entre eux, il suffit qu'ils voient une opportunité et ils y vont", ajoute-t-elle.

Même si ces braquages s'intensifient particulièrement en Île-de-France, le reste de la France n'est pas épargné par ce phénomène. En janvier dernier, une boutique située dans l'Intermarché de Capvern, dans les Hautes-Pyrénées, a été attaquée par quatre individus cagoulés qui sont repartis avec plusieurs téléphones, selon les informations de La Dépêche.

Même scénario à quelques jours d'intervalle dans la petite commune de Montval-sur-Loir, dans la Sarthe, où des malfaiteurs se sont introduits dans la boutique Orange du centre-ville, et ont dérobé de nombreux téléphones, selon les informations du Maine Libre.

Concernant les braqueurs de Drancy, ils seront jugés au début du mois de juin pour braquage à main armée. En moyenne, 16 braquages de boutiques de téléphonie ont eu lieu chaque mois sur l'année 2024 en France.

Sylvain Allemand