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"On vit dans la peur": les habitants d'un HLM parisien délabré attendent d'être relogés

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Au 25 rue du Moulin-vert, dans le 14e arrondissement, les locataires d'un HLM vivent dans un immeuble extrêmement dégradé. Le bailleur a indiqué qu'ils allaient être relogés le temps de faire des travaux. Les habitants, eux, vivent dans la peur.

Des murs délabrés qui laissent entrevoir l'extérieur, des trous dans les plafonds et dans les sols, des poutres ajoutées pour renforcer la structure... Au 25 rue du Monlin-vert, dans le 14e arrondissement de Paris, la quinzaine de locataires d'un HLM vit dans un immeuble très dégradé.

Au rez-de-chaussée, Linda Meyers fait visiter à BFM Paris Île-de-France le studio qu'elle occupe depuis près de 20 ans. Dans sa cuisine, le carrelage s'en va en morceaux. "Il n'est pas étonnant que j'ai froid", soupire-t-elle.

Certains murs sont extrêmement délabrés dans cet immeuble du 14e arrondissement de Paris
Certains murs sont extrêmement délabrés dans cet immeuble du 14e arrondissement de Paris © BFM Paris

"On a peur que ça tombe à tout moment"

Au fil des années, elle a vu son appartement et l'immeuble se dégrader. "Il y a 10 ans, l'immeuble s'affaissait et Adoma (l'ancien bailleur, NDLR) a fait mettre des grands poteaux en métal", explique-t-elle. Ces poteaux ne sont en aucun cas des "poutres décoratives", comme le détaille la locatrice, mais des supports censés soutenir l'édifice.

"On vit dans la peur, on ne sait pas si le toit ne va pas céder, ou un mur", ajoute-t-elle.
Certains murs sont extrêmement délabrés dans cet immeuble du 14e arrondissement de Paris
Certains murs sont extrêmement délabrés dans cet immeuble du 14e arrondissement de Paris © BFM Paris

Dans la cage d'escalier, où les dégradations sont les plus importants, un autre habitant, Samba Kassé désigne un trou dans un mur, juste à côté d'un logement, par lequel l'extérieur est visible. "On voit jusqu'à dehors. Il y a un être humain qui habite ici, il y a une famille avec des enfants. Comment on peut expliquer ça?", s'insurge-t-il, "on a peur que ça tombe à tout moment".

Et la situation fait réagir jusqu'aux élus locaux. "Ces Parisiens vivent dans la crainte que l’immeuble s’effondre à tout moment (...) Prenez vos responsabilités, on ne joue avec la vie des gens!", s'est notamment insurgée Fanta Berete, députée Renaissance de Paris, sur Twitter.

Des relogements promis par le bailleur

Actuellement, l'immeuble du 25, rue du Moulin-vert ne fait pas l'objet d'un arrêté de péril imminent. Mais l'état de délabrement est tel que l'actuel bailleur, RIVP (Régie immobilière de la ville de Paris), qui a racheté l'immeuble à Adoma fin 2020, a mené plusieurs diagnostics, avant d'annoncer aux locataires devoir les reloger pour effectuer des travaux de restructuration au niveau de l'escalier.

Depuis cette annonce fin 2022, les locataires restent sans nouvelles. "RIVP se vante d'avoir plus de 60.000 logements à Paris et il n'y en a pas 14 disponibles quelque part?", peste Linda Meyers. Pour l'heure, RIVP a uniquement fait poser des plaques en plastique pour camoufler certains des trous, et fait poser des poutres en bois pour soutenir la cage d'escalier.

Une chambranle de porte au 25, rue du Moulin Vert, dans le 14e arrondissement de Paris
Une chambranle de porte au 25, rue du Moulin Vert, dans le 14e arrondissement de Paris © BFM Paris

"Pas les garanties de solidité nécessaires"

La préfecture de police de Paris, qui a réalisé un autre diagnostic, se veut beaucoup plus alarmiste, parlant d'"un bâtiment n'offrant pas les garanties de solidité nécessaires". Selon ce document, que BFM Paris Île-de-France a pu consulter, de nombreux travaux devraient être entrepris, dont le fait d'assurer "la parfaite stabilité et la solidité de la façade sur rue (...), de l'ensemble des planchers, de l'escalier desservant les étages, des parois de l'esaclier et des logements (...)".

Contacté par BFM Paris Île-de-France, RIVP estime que "ce rapport ne conclut pas à l'instabilité de l'immeuble". "Les relogements sont rendus nécessaires parce qu’il nous faut intervenir au niveau de la structure de l’escalier", ajoute le bailleur, qui assure que "les premières propositions de relogement pourront intervenir à partir de février".

William Helle avec Fanny Rocher