"On sera prêt": le préfet d'Île-de-France assure que les épreuves des JO pourront avoir lieu dans la Seine

La Seine à Paris, le 20 août 2023. - AFP
C'est une interrogation qui demeure encore, alors même que plusieurs épreuves tests ont dû être annulées au cours de l'été en raison de la mauvaise qualité de l'eau: sera-t-il possible de se baigner dans la Seine pour les épreuves des JO 2024?
Invité sur le plateau d'Île-de-France Politiques ce jeudi 19 octobre, le préfet de la région Île-de-France et préfet de Paris Marc Guillaume assure que tout est mis en œuvre pour que la Seine soit prête à accueillir les athlètes l'été prochain.
"Le plan baignade, qui vise à ce qu'une dépollution de la Seine et de la Marne en amont de la Seine soit opérée, est très largement engagé", déclare-t-il. "On sera prêt à l'été 2024."
Des bassins de retenue en cas d'intempéries
Au cours de l'été, plusieurs épreuves tests de natation qui devaient se dérouler dans la Seine ont été annulées en raison de la mauvaise qualité de l'eau. Une qualité qui peut notamment être affectées par les intempéries.
Marc Guillaume assure toutefois que des mesures sont mises en place pour s'assurer que l'eau de la Seine reste baignable, même en cas de fortes pluies.
"C'est pour ça que nous construisons des bassins de retenue. Il y en a un en construction à Austerlitz, il y en a d'autres en amont de Paris, qui visent à ce qu'on puisse retenir l'eau pour qu'en temps de pluie, elle ne charrie pas une mauvaise qualité de l'eau", explique-t-il.
L'optimisme du préfet de Paris est toutefois nuancé par Michel Riottot, ancien ingénieur de recherche au CNRS et ex-président de France Nature Environnement Île-de-France, qui souligne le côté "aléatoire" des intempéries.
"Si c'est une pluie de type cévenol, c'est impossible à maîtriser", déclare-t-il à BFM Paris Île-de-France. "Paris est très imperméable, donc l’eau ne rentre pas dans le sol, et va s'écouler dans les dégoûts et les déversoirs d’orage fonctionneront dans ce cas-là. Mais c’est aléatoire, on ne sait pas. Il y aura peut-être un décalage pour les athlètes."
Si Marc Guillaume assure que les installations "seront prêtes" pour les JO, il reconnaît toutefois que de très fortes intempéries pourraient avoir un impact sur la tenue des épreuves: "S'il y a une très grosse pluie, la solution qu'a trouvée le COJO (Comité d'organisation des Jeux olympiques, NDLR), c'est une contingence, de décaler d'un ou de deux jours ces épreuves."
Des produits pour le traitement de l'eau
Outre les bassins de retenue des eaux de pluie, d'autres mesures sont mises en place pour rendre l'eau de la Seine propice à la baignade, non seulement pour les JO 2024, mais aussi pour les Franciliens, la mairie de Paris ayant révélé en juillet dernier les trois sites où il sera possible de se baigner dans la Seine en 2025.
Un plan de baignade qui représente un investissement de plus de 1,4 milliard d'euros, construit autour de "quatre séries d'actions", explique le préfet de Paris. Il s'agit de mettre aux normes les usines de traitement des eaux en amont de Paris, d'installer des bassins de retenue pour les eaux de pluie, de modifier les branchements privés "qui peuvent confondre les eaux pluviales et les eaux usées", et mettre à niveau les réseaux publics.
De son côté, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) se penche également sur l'utilisation de produits pour rendre l'eau possible à la baignade, notamment l'acide performique. "Il va libérer de l'oxygène actif qui va tuer les microbes", explique Michel Riottot, sur le même principe que "les produits qu'on utilisait dans le temps pour la lessive".
Un besoin de transparence
L'ancien ingénieur de recherche au CNRS demande également une meilleure transparence sur les résultats des prélèvements bactériologiques réalisés dans la Seine pour contrôler sa qualité de l'eau.
"Nous sommes très favorables à la baignade, mais il faudrait que nous ayons les données de l’Agence régionale de santé des mesures de microbes dans la Seine. On ne les a plus depuis 2018."
Une demande entendue par le préfet de Paris, qui assure que "pour les JO comme pour après, nous ne pourrons pas traiter ces questions sans transparence".
"Nous devons monter aux gens pour souligner l'ampleur du travail qui a été fait, et que les conditions sanitaires sont réunies. Il faut rendre publics les résultats des prélèvements," conclut-il.
De son côté, le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques se montre lui-même "confiant" quant à la possibilité pour les athlètes de réaliser leurs épreuves dans la Seine. En août dernier, après l'annulation des épreuves tests, Tony Estanguet avait assuré sur RMC que "l'inquiétude n'est pas utile".