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Les vitraux du 19e siècle de Notre-Dame remplacés? Les origines du projet contesté

Une vue de la cathédrale Notre-Dame de Paris en travaux le 17 juillet 2024

Une vue de la cathédrale Notre-Dame de Paris en travaux le 17 juillet 2024 - EMMANUEL DUNAND / AFP

Emmanuel Macron a annoncé en décembre 2023 l'organisation d'un concours pour installer des vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris. Un projet qui nécessite d'enlever ceux qui s'y trouvent actuellement et qui datent du 19e siècle.

Dans quelques mois, Notre Dame retrouvera son public, mais des questions restent à trancher. Alors que la cathédrale, touchée par un large incendie en 2019, a récupéré les huit cloches de son beffroi nord ce jeudi 12 septembre, l'allure finale de ses vitraux doit encore être décidée.

En décembre 2023, Emmanuel Macron s'était déclaré favorable à la demande de l'archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, d'installer des vitraux contemporains dans l'édifice afin de "marquer la période de l’incendie et de la restauration". Il avait alors annoncé l'organisation, par le ministère de la Culture, d'un concours visant à désigner l'artiste chargé de la création de ces vitraux.

Avis défavorable de la commission nationale du patrimoine

Mais, interrogée sur ce projet en juillet, la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture "a émis un avis défavorable à la dépose des vitraux de Viollet-le-Duc", selon un communiqué du ministère de la Culture. Le projet est en effet d'installer des vitraux contemporains dans six chapelles du bas-côté sud de la nef (côté Seine) pour remplacer des vitraux du 19e siècle, créés par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc.

L'avis de la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture est consultatif. Il s'appuie sur le fait que les vitraux du 19e n'ont pas été endommagés dans l'incendie, selon Le Figaro. Il invoque aussi les principes de la Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments, adoptée par la France en 1965, qui recommande de ne pas détruire un élément classé monument historique pour le remplacer par un élément contemporain, toujours selon Le Figaro. 

Huit candidatures sélectionnées

Après une première phase de consultation, huit candidatures d'artistes ont été retenues début septembre, dont celle de Daniel Buren. Ils "sont appelés dès aujourd’hui à travailler à leur projet qui devra être remis le 4 novembre prochain à midi", selon un communiqué du ministère de la Culture. Le projet lauréat doit être présenté lors de la réouverture de la cathédrale en décembre, "en vue d’une mise en réalisation en 2025", selon le ministère de la Culture.

Image tirée d'une vidéo de l'AFP, le 11 avril 2024, montrant les vitraux de Notre-Dame pendant les travaux de restauration, cinq ans après l'incendie qui l'a dévastée
Image tirée d'une vidéo de l'AFP, le 11 avril 2024, montrant les vitraux de Notre-Dame pendant les travaux de restauration, cinq ans après l'incendie qui l'a dévastée © Mathilde BELLENGER © 2019 AFP

Malgré son premier avis défavorable, la Commission nationale a ajouté qu'elle examinerait en fin d'année le projet sélectionné. "Elle pourra à ce moment-là apprécier au vu du projet l'intérêt pour la cathédrale de l'apport de cette création", a précisé le ministère de la Culture. 

Un projet qui fait polémique

Mais l'idée de ces vitraux contemporains déplaît fortement à certains acteurs du monde de l'art et du patrimoine. En premier lieu à Didier Rykner, fondateur du média La Tribune de l'Art. Il a lancé en décembre 2023 une pétition qui a depuis recueilli plus de 180.000 signatures.

"Les vitraux contemporains ont toute leur place dans l’architecture ancienne lorsque ceux d’origine ont disparu. Ils n’ont pas vocation à remplacer des œuvres qui existent déjà", y affirme-t-il.
Image tirée d'une vidéo de l'AFP, le 11 avril 2024, montrant les vitraux et les piliers peints de Notre-Dame de Paris, pendant les travaux de restauration, cinq ans après l'incendie qui l'a dévastée
Image tirée d'une vidéo de l'AFP, le 11 avril 2024, montrant les vitraux et les piliers peints de Notre-Dame de Paris, pendant les travaux de restauration, cinq ans après l'incendie qui l'a dévastée © Mathilde BELLENGER © 2019 AFP

Une pétition qui a trouvé un écho ce jeudi auprès du président du Rassemblement national, Jordan Bardella. "Ces vitraux du 19e siècle sont devenus indissociables de la cathédrale: Notre-Dame de Paris doit être restaurée à l’identique, loin de toute idéologie et de toute immodestie politique", a déclaré sur X (ex-Twitter) le député européen.

Après cinq ans de travaux, Notre-Dame doit rouvrir en décembre. "On est confiants, on est dans les temps", a récemment assuré en août sur BFMTV Philippe Jost, président de Rebâtir Notre-Dame de Paris, l'établissement public chargé de la reconstruction.

"Le gros du travail, c'était de reconstruire les voûtes effondrées et de rebâtir les toitures entièrement consumées par l'incendie et cette flèche de Viollet-le-Duc dont l'effondrement a été l'une des images les plus dramatiques de l'incendie", a-t-il expliqué, des étapes qui ont déjà été franchies.

Sophie Cazaux