Mort d'un détenu à Fleury-Mérogis: le parquet requiert un procès pour trois agents pénitentiaires

La maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. - AFP
Le parquet a requis un procès pour trois agents pénitentiaires poursuivis pour homicide involontaire après la mort en 2016 d'un détenu de 31 ans dans l'incendie de sa cellule à Fleury-Mérogis, a-t-on appris jeudi auprès du parquet d'Evry.
Dans son réquisitoire rendu en août dernier et dont l'Agence France-Presse (AFP) a eu connaissance, le ministère public a pointé un délai "anormalement long" entre la détection de l'incendie et l'ouverture de la cellule du détenu.
Trois agents sont visés: deux surveillants et une cheffe de détention au moment des faits, le 1er avril 2016.
Dix-huit minutes
En cause, les dix-huit minutes qui se sont écoulées entre l'alerte incendie et l'entrée de l'équipe intervenante dans la cellule en feu. Selon l'enquête, cette équipe a passé "au moins douze minutes" à s'équiper d'une tenue "pare-coup", destinée à se protéger des détenus violents.
Vu l'urgence de la situation, "cette consigne de revêtir des tenues pare-coups n'aurait jamais dû être donnée", a estimé le parquet dans ses réquisitions.
Si l'équipe intervenante dans la cellule n'est pas mise en cause, leur cheffe de détention, alors âgée de 30 ans, l'est. Le ministère public lui reproche de ne pas avoir formulé "une consigne claire d'intervenir plus vite".
Nonchalance
Les deux surveillants en cause, une femme de 41 ans et un homme de 24 ans, étaient chargés des communications dans le bâtiment. Il leur est reproché de ne pas avoir transmis toutes les informations nécessaires et de ne pas s'être déplacés "sur zone".
Dans un rapport écrit une dizaine de jours après le drame, la directrice de Fleury-Mérogis avait dénoncé "la forte vacuité des personnels" et "leur le manque d'implication flagrant", en s'appuyant sur des images de vidéosurveillance.
Une nonchalance qu'a réfuté "totalement" Me Richard Forget, l'avocat de la surveillante mise en cause.
"Diluer la responsabilité"
"On essaie de diluer la responsabilité pour éviter de froisser quelques responsables", a-t-il jugé. Selon lui, sa cliente n'avait participé à aucun "exercice incendie" en deux ans à Fleury-Mérogis et manquait de formation. "C'était une panique totale. Personne n'avait vraiment de rôle alloué", a-t-il affirmé.
Les conseils de la cheffe de détention et du surveillant n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP. Celui de la famille du défunt, Amaury Auzou, n'était pas joignable immédiatement.