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Paris Île-de-France

Manifestant éborgné par une grenade en 2016: le procès du CRS s'ouvre aux assises

La balance de la Justice (illustration)

La balance de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Il est accusé d'un lancer "injustifier" de grenade de désencerclement qui a éborgné un syndicaliste lors d'une manifestation en septembre 2016. La victime est définitivement aveugle.

Le procès d'un CRS, accusé d'un lancer "injustifié" de grenade de désencerclement qui a éborgné un syndicaliste lors d'une manifestation en septembre 2016, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises de Paris. 

Costume gris, crâne rasé, le policier de 54 ans comparaît libre sous contrôle judiciaire pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente. 

Laurent Theron, secrétaire hospitalier et militant du syndicat Sud-Santé, est définitivement aveugle de l'oeil droit après avoir été atteint par un galet d'une grenade à main de désencerclement (GMD), le 15 septembre 2016 à Paris. 

Les faits se sont produits peu avant 17H00, alors que les forces de l'ordre dispersaient les opposants à la loi Travail sur la place de la République, à l'issue d'une manifestation marquée par des heurts. Le brigadier-chef, Alexandre M., est accusé d'avoir lancé cette grenade hors de tout cadre légal et sans être en état de légitime défense, ce qu'il conteste. 

Lui et sa compagnie n'étaient au moment du lancer "ni assaillis, ni encerclés, ni même réellement pris à partie", avaient relevé les juges d'instruction qui ont ordonné le renvoi du CRS devant les assises, et non devant un tribunal correctionnel comme l'avait demandé le parquet.

Le policier se voit aussi reprocher d'avoir "agi de sa propre initiative, sans recevoir d'ordre" et d'avoir "effectué un lancer en cloche", ce qui est interdit par la doctrine d'emploi des grenades de désencerclement. 

Pas habilité au lancer de GMD

Il n'était par ailleurs pas habilité au lancer de GMD, une arme puissante qui projette 18 petits galets de caoutchouc de 10 g chacun à une vitesse moyenne de 450 km/h, et n'avait reçu aucune formation au maintien de l'ordre. Alexandre M. venait de rejoindre deux semaines plus tôt sa compagnie de CRS après avoir exercé 20 ans dans un commissariat de nuit. 

Le policier "ressent une sincère empathie pour Laurent Theron dont personne ne conteste le caractère injuste de la blessure, mais il maintiendra sa position qui consiste à soutenir que le lancer de cette grenade était légitime, malgré ses conséquences terribles et bien involontaires", a déclaré avant l'audience son avocat, Laurent-Franck Liénard. 

Laurent Theron, partie civile au procès, attend "d'être entendu dans ce qui a renversé sa vie", souligne son avocate, Lucie Simon. "Il souhaite que ce policier ne puisse plus jamais exercer et risquer de blesser quelqu'un d'autre".

Le verdict est attendu mercredi. 

C.L. avec AFP