Logements vacants et sous-occupés: la mairie de Paris alerte le ministre du Logement

Des immeubles et des toits haussmaniens dans le centre de Paris (Photo d'illustration). - Flickr - Pat Guiney - CC Commons
"Plus de 264.000 résidences secondaires et logements vacants" à Paris. Jacques Baudrier, adjoint communiste à la mairie de Paris en charge du logement, alerte le ministre Patrice Vergriete, dans un courrier que BFM Paris Île-de-France a pu consulter.
"On dénombre 134.000 résidences secondaires à Paris et 127.000 logements vacants (...) c'est-à-dire l'équivalent du 15e, du 16e et d'une partie du 14e qui serait vide", précise l'élu, invité ce lundi de BFM Paris Île-de-France. "C'est surtout dans le centre de Paris (...) où on a jusqu'à 30-35% des logements qui ne sont pas habités".
L'adjoint d'Anne Hidalgo dénonce dans sa lettre l'évolution "très inquiétante" des logements inhabités et de la diminution du nombre de résidences principales. "Sur une année, le nombre de résidences secondaires s’est accru de 10.000 unités, et sur dix ans, de plus de 50.000", détaille-t-il en évoquant "les derniers chiffres de l'Insee".
"Cette évolution est dramatique puisqu’elle réduit d’autant le nombre de résidences principales et donc la taille du marché locatif privé, accroissant encore sa tension", ajoute-t-il. "Si on laisse faire, on se retrouvera avec une ville vide", s'inquiète l'élu.
"Il y a la location meublée qui représente une partie (de ces logements, ndlr), mais ce n'est pas la totalité loin de là", explique Jacques Baudrier. "Il y a beaucoup de gens qui ont de l'argent qui possèdent des logements et qui n'en font rien, ou les utilisent comme résidence secondaire en y allant deux-trois jours ou une à deux semaines par an."
Des évolutions positives mais insuffisantes
L'adjoint en charge du logement souligne tout de même des évolutions positives notamment avec le projet de loi finances (PLF) 2023 ayant conduit à la surtaxe d'habitation sur les résidences secondaires et la taxe sur les logements vacants. Mais pour Jacques Baudrier, ce n'est pas suffisant. "Devant l'océan de logements vides au cœur de Paris", il faut encore renforcer ces taxes.
"Notre but ce n'est pas de percevoir des taxes, mais d'inciter des propriétaires qui ont des logements vides à gagner de l'argent en les louant. Ce qui rendra service à des gens qui pourront se loger", explique l'élu.
Jacques Baudrier place ces espoirs dans les nombreux amendements déposés à l'Assemblée nationale dernièrement, dont le but est de faciliter la mise en place de la surtaxe d'habitation sur les résidences secondaires et la taxe sur les logements vacants.
S'ils venaient à être adoptés cette semaine lors de l'examen du Projet de loi de finance (PLF) 2024, Jacques Baudrier estime qu'il est probable que "plusieurs dizaines de milliers de logements pourraient être remis à court terme sur le marché à Paris, et des centaines de milliers à l'échelle du pays, et donc redevenir des résidences principales, et ainsi contribuer à lutter contre la crise du logement."
Un lien entre logement et environnement
L'adjoint à la mairie de Paris en charge du logement évoque un lien entre la vacance des résidences à Paris et l'environnement. Dans son courrier, il aborde notamment la démarche Zéro Artificialisation Nette (ZAN), un concept de 2021 inscrit dans la loi. Avant de l'atteindre complètement en 2050, la France doit diviser par deux, tous les dix ans, le rythme de grignotage par la ville des sols naturels, délétère pour l'environnement, le climat et la biodiversité.
Pour Jacques Baudrier, les logements vacants à Paris devraient être occupés.
"Comment justifier que tout ne soit pas engagé pour que des logements vacants et sous-occupés dans des zones très bien desservies en transports collectifs comme le centre de Paris ne soient pas plus utiles", demande-t-il.
Et de poursuivre: "Un logement vide en moins au centre de Paris, c'est un logement de plus pour résoudre la crise du logement, c'est un logement à construire en moins sur des zones non construites, c'est de la biodiversité préservée et 60 tonnes de CO² émises en moins."
Jacques Baudrier a également dressé le bilan du dispositif Eco rénovons Paris, un programme lancé l'année dernière. Ce dispositif propose des aides aux copropriétés et un accompagnement gratuit et personnalisé pour la rénovation énergétique des immeubles d'habitat privé.