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Paris Île-de-France

Logement: l'Ile-de-France concentre les difficultés pour les étudiants, d'après un rapport de la Cour des comptes

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Malgré un effort public pour soutenir les étudiants les plus précaires, la démarche reste insuffisante. L'Ile-de-France détone pour ses conditions d'accès au logement particulièrement difficiles.

La région Ile-de-France, qui accueille un quart des étudiants français, est aussi celle où ces derniers ont le plus de mal à se loger du fait d'un manque de gouvernance politique et de loyers très élevés, relève la Cour des comptes, ce jeudi 3 juillet.

Selon les magistrats financiers, le soutien public au logement des étudiants relève "d'acteurs divers" sans "politique globale définie" ni réelle coordination "au-delà de celle existant entre les ministères du Logement et de l'Enseignement supérieur". Si bien qu'aucun acteur "ne se sent totalement responsable de cette action".

Un soutien "pas suffisant"

À la rentrée 2023, 2,97 millions d'étudiants étaient inscrits dans l'enseignement supérieur français, soit 25% de plus qu'en 2012. Pour absorber ce choc démographique, l'État a mobilisé avec succès des dispositifs de droit commun comme les aides personnelles au logement (APL) tandis que 69.300 logements étudiants à vocation sociale (+39%) ont été créés.

Si l'effort public cible bien les étudiants les plus modestes, qui bénéficient d'APL bonifiées et d'un accès prioritaire aux logements Crous, ce soutien n'est "pas suffisant pour répondre à l'ensemble de la demande notamment en zone urbaine en tension immobilière".

De fait, les pouvoirs publics ne se sont "pas donnés comme cible de réduire les disparités entre territoires et d'assurer une action renforcée pour ceux dont les conditions d'accès au logement sont les plus difficiles, en premier lieu l'Île-de-France".

Dans cette région, "les conditions d'accès au logement des étudiants y sont les plus difficiles du pays", alertent les magistrats.

En cause notamment, une forte tension sur le marché des logements abordables, mais aussi un "défaut de gouvernance commune" sur un territoire qui compte douze bassins d'enseignement supérieur.

Un appel à un "changement de stratégie"

Malgré un rattrapage entre 2012 et 2017, le nombre de places à vocation sociale en Ile-de-France est de 7,37 pour 100 étudiants, sous la moyenne nationale (8,2).

Les APL ne corrigent pas l'écart de loyer avec le parc privé, ne couvrant que 39% du loyer hors charge à Paris en 2023.

La Cour pointe aussi des "effets de seuil" pour les étudiants modestes non boursiers.

De plus, une partie des places en Crous est réservée à "20% à 30%" par les établissements d'enseignement supérieur pour accueillir des étudiants en mobilité internationale.

"Cette situation, associée à la densité des établissements d'enseignement supérieur et des transports publics franciliens, se traduit par un taux de cohabitation en hausse, près de deux fois supérieur à celui des autres régions (47%, contre 27%) et des temps de transport plus élevés", souligne encore le rapport qui appelle à un "changement de stratégie".

M.H avec AFP